Villages vivants : quand l’épargne construit les territoires

De plus en plus touchés par la fermeture de commerces et services de proximité, pourtant essentiels à la vitalité sociale et économique d’un territoire, les zones rurales font aujourd’hui face à de réelles difficultés pour développer ou conserver leurs activités. D’autant plus quand il s’agit de générer de l’économie sociale et solidaire.
Coopérative immobilière, rurale et solidaire, Villages Vivants rassemble des citoyens, entreprises et collectivités qui s’engagent avec leur épargne pour acheter, rénover et louer des locaux dans les campagnes et petites villes. Loin des logiques purement spéculatives, elle place l’humain, la coopération et l’intérêt général au cœur de son modèle, et permet l’émergence de projets à fort impact social.
Zoom sur le fonctionnement et l’intérêt d’une telle manière de penser un immobilier commercial, accessible et solidaire.
Une réponse concrète à un marché de l’immobilier défaillant
La création de cette coopérative pas comme les autres résulte d’une nécessité de faire face à différents constats, plus ou moins alarmants. Tout d’abord, le fait qu’1 commune sur 2 n’a plus de commerces (un chiffre qui a augmenté depuis, l’INSEE comptabilise près de 21 000 municipalités sans aucun commerce en 2021). Comme le rappelle d’ailleurs l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, ce déclin commercial se cumule parfois à des fragilités structurelles (décroissance démographique, vieillissement de la population, sentiment de dégradation du cadre de vie…) auxquelles sont déjà confrontées les communes rurales.
Associées à ce déclin, les fermetures à répétition de locaux d’activités entraînent en plus des conséquences fortes, conjointement sur l’emploi, le patrimoine et les filières locales, la disparition des terres agricoles et le lien social. Ainsi, animée par l’envie d’agir et convaincue par l’efficacité des initiatives citoyennes pour réinventer des commerces et services de proximité, l’équipe s’est montée en SCIC en 2018 pour démarrer l’aventure de Villages Vivants. Implantée dans 13 départements du quart Sud-est de la France et dans le massif central, elle comptabilise aujourd’hui :
- 29 biens acquis ou sous compromis
- 9,8 millions d’euros engagés
- 10 435 m2 de patrimoine rural réhabilités
- 81 emplois créés ou consolidés

© Site internet Villages Vivants, rubrique “nos structures”
Il ne s’agit donc pas seulement de contribuer à l’attractivité économique de nos territoires, mais bien de réactiver, dans sa globalité, un écosystème de lieux et d’humains. Et ce par l’achat de locaux, l’épargne, l’accompagnement des porteurs de projets et la formation à destination d’entrepreneurs et de collectivités.
Quand l’implication citoyenne consolide l’économie rurale
Comme une alternative au modèle individualiste, Villages Vivants soutient l’entrepreneuriat collectif et coopératif (SCIC, SCOP, associations…), plus résilient, plus ancré localement, et plus équitable dans la répartition de la valeur. Les structures accompagnées répondent, de fait, à des besoins sociaux locaux, tout en s’émancipant des logiques de rentabilité à tout prix. En proposant un développement local pragmatique et engagé, la coopérative envisage l’immobilier non comme une bulle régie par la loi du marché mais bien comme un outil pour créer de la valeur d’usage. En effet, face à la vacance ou à la spéculation immobilière, elle développe des modèles de propriété partagée, orientés vers l’usage, avec une gouvernance collective. Elle libère les porteurs de projet du poids de l’achat immobilier et sécurise leur installation sur le long terme.

© Site internet Villages Vivants, rubrique “lieux”, La Pompe à Florac-Trois-Rivières
Dans cette logique se sont ouverts des espaces précieux et nécessaires au quotidien pour des résidents comme le 8 Fablab à Crest (Drôme), un lieu d’innovation et de médiation ouvert au public ; Chez cocotte, une boulangerie-épicerie à Gibles (Saône-et-Loire) ; ou encore La folle aventure, une librairie-coopérative portée par un collectif d’habitants à Trévoux (Ain). Des programmations conçues pour les usagers, voire directement par eux-mêmes. Car l’implication citoyenne est naturellement au cœur du projet. L’ambition est bien de redonner du pouvoir d’agir en faisant confiance à la force du collectif local pour faire émerger des lieux de rencontre. Et ces dynamiques ne se limitent pas à la seule vie de voisinage, mais souligne également l’importance de créer des ponts entre anciens et nouveaux habitants, en refusant toute forme de repli sur soi.
Mettre en lumière la diversité de nos ruralités
Leurs engagements se tournent enfin sur la valorisation de la mixité d’usages et de fonctions qu’offrent autant nos villages que nos villes et métropoles. Révéler ces territoires pour leur redonner une place, à part entière, à l’échelle nationale, est aussi un moyen de lutter contre leur uniformisation urbaine. Encore trop souvent, les politiques d’aménagement tendent à calquer des modes de faire urbains, en omettant leur spécificités et besoins réels des campagnes. Soutenir la relocalisation d’activités utiles aux habitants, en réhabilitant l’existant et en promouvant la diversité territoriale, permet ainsi de redynamiser les centres-bourgs et de lutter contre les déséquilibres ville/campagne.
Et cela, pour faire des villages des lieux vivants, où l’on peut vivre, travailler, décider ensemble et au sein desquels se déploient projets locaux, écologiques et humains.
Pour soutenir les initiatives et projets de Villages Vivants, rendez-vous ici : https://villagesvivants.com/nous-soutenir/