Un habitat partagé pour les parisiens intermittents 

L’agence d’architecture MAJMA cherche une solution pour ceux qui travaillent à Paris et vivent en dehors de l’Ile-de-France. Son projet, Part-Time Parisiens, explore les possibilités de l’habitat à temps partiel.

Comme chaque mois, plongez dans le futur de la ville avec notre série “Habiter 2035”, où l’on vous dresse des scénarios possibles pour la prochaine décennie. Retenez votre souffle, immersion dans 3, 2, 1 …

La locataire du jeudi

Un coup de sonnette insistant réveille Balla en sursaut. Quelle heure est-il ? 9h30, mince ! Son train est dans 35 minutes. D’un bond il se retrouve dans l’entrée avec un t-shirt sur le dos. Derrière la porte, Astrid grommelle, « Ça fait cinq minutes que je sonne, tu avais bloqué la serrure avec ta clé ». « Je suis à la bourre, on a fêté la fin du programme hier au boulot ! Il faut que je parte tout de suite ! » explique Balla en rassemblant ses affaires. Pas grand chose, juste un jour de linge et son ordinateur. Comme toutes les semaines, il est monté à Paris mardi et mercredi pour son travail. Astrid, la locataire du jeudi, le regarde avec agacement « Ne me dis pas que tu as laissé tes draps ? ». Sur le palier, sac sur le dos, Balla se retourne avec un regard suppliant. « Bon vas-y fonce, dit-elle, mais la semaine prochaine tu m’apportes des chocolats ».

Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.

“Chacun chez soi, chacun son tour”

En plein Covid, alors que l’idée du télétravail se démocratise dans les entreprises et que de nombreux travailleurs numériques envisagent d’installer leur résidence principale à la campagne, l’agence d’architecture Majma imagine le concept de résident à temps partiel. Elle s’adresse à toutes les personnes qui vivent hors de l’Île-de-France et qui ont besoin de venir périodiquement à Paris, pour une nuit ou deux. L’idée originale du projet Part Time Parisiens consiste à partager le temps d’occupation d’un logement. « On est donc chacun chez soi, chacun son tour », peut-on lire sur le site de Majma. Elle s’approche de l’urbanisme circulaire en permettant d’intensifier l’occupation d’un logement, en particulier dans les grands centres urbains en tension. Elle est lauréate de FAIRE, un accélérateur de projets architecturaux et urbains innovants, lancé en 2017 par le Pavillon de l’Arsenal avec Ville de Paris et le soutien de la Caisse des Dépôts de MINI et EDF.

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S’adapter aux modes de vie

« Il n’existe aujourd’hui pas de solution de logement réellement adaptée à ces habitants intermittents. Paris doit aujourd’hui anticiper ces nouveaux modes de vie hybride, qui contribuent à l’équilibre métropole/territoires » explique Majma sur son site. En effet, Airbnb et l’hôtel sont chers et la solidarité des proches à ses limites. Partenaire du projet, l’institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) a mené une enquête pour mieux connaître les personnes concernées et leurs besoins. Elle observe que les cadres en télétravail la moitié de la semaine ne sont pas la seule cible. On trouve aussi des alternants ou des jeunes en formation, des grands-parents qui viennent visiter leur famille en ville, voire même des personnes qui suivent un traitement médical. La plupart aimeraient pouvoir laisser des affaires sur place et sont prêts à s’engager en signant un bail. Reste à répondre aux nombreuses questions pratiques, comment s’organise le calendrier ? Qui nettoie ? À quoi ressemble le bail ? Qui est assuré ? Voire même, qui signe le contrat d’électricité ?