Dans les coulisses des arbres parisiens

Un élagueur teste la résistance d'un platane, place de la république
30 Août 2019 | Lecture 3 minutes

Environ 200 000 arbres aèrent la ville de Paris, que ce soit en alignement le long d’une avenue, dans un parc ou au sein d’un équipement public. Enjeu de biodiversité, de fraîcheur et de bien-être en ville, les arbres sont une richesse inestimable et souvent ignorée des passants. Comment la mairie gère-t-elle ce patrimoine arboré ?

Un élagueur teste la résistance d'un platane, place de la république

Un élagueur teste la résistance d’un platane, place de la république – Ville de Paris

Adam et DEVE

Longtemps relégué dans les parcs à des fins purement décoratives, l’arbre revient en force dans les projets d’aménagement urbain. Certes il est victime d’un effet de mode qui tend à tout verdir, mais ses qualités pour le bien-être sont de plus en plus reconnues et estimées. De l’amélioration de la santé des habitants, à la captation du CO2 en passant par le rafraîchissement des températures, ses pouvoirs sont innombrables et particulièrement utiles dans une ville minérale et dense comme Paris. La mairie en a bien conscience et mène depuis quelques années une politique de végétalisation soucieuse de la biodiversité. En mars dernier elle fêtait le 15 000ème arbre planté depuis 2014, mais aussi des programmes comme le permis de végétaliser, « des arbres dans mon jardin », Parisculteurs et les « cours oasis ».

Mais la mairie doit aussi veiller à l’entretien et à la protection du patrimoine déjà existant : c’est la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE) qui s’en occupe. Elle gère les 200 000 arbres qui ponctuent et aèrent le tissu urbain parisien, ainsi que les 300 000 supplémentaires dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Arbres d’alignement pour la plupart, on les trouve également dans les jardins, les cimetières, les écoles et crèches, les établissements sportifs….

Carnet de santé numérique

Grâce à une base de données informatisée, la ville s’est dotée en 2014 d’un système de suivi et de surveillance de tous les arbres. Localisés sur une carte, ils détiennent une « carte d’identité informatique » regroupant les informations nécessaires à leur entretien. La date de plantation, les arrosages, les élagages ou l’état sanitaire de l’arbre (état physiologique, plaies, champignons, chocs) sont inscrits sur cette fiche numérique.

Ces outils sont disponibles en ligne grâce à la politique de transparence des données publiques. Une première carte sur OpenData Paris permet de localiser un arbre précis dans l’espace public et d’y apprendre ses informations de base (espèce, hauteur, circonférence, âge…). La navigation sur smartphone n’est pas vraiment optimisée, mais l’outil permet quand même d’identifier les arbres dans l’espace public à Paris. Pokemon Go n’a qu’à bien se tenir. Une seconde carte permet de voir la distribution d’arbres par arrondissements et par espèces : un bon moyen de savoir où se balader en fonction des périodes de floraison, ou alors les endroits à éviter à tout prix pendant la pollinisation.

Le centre horticole de la ville de Paris

Le centre horticole de la ville de Paris – Mairie de Paris – Emilie Chaix

Portrait robot

Sur les 190 espèces d’arbres présentes à Paris, une poignée tient le haut du tableau. Les platanes – caractéristiques par leur écorce écaillée – sont les plus fréquents, ils représentent 21 % du patrimoine arboricole de Paris. Ensuite viennent les marronniers (13 %), dont la floraison en mai donne à voir des grappes pyramidales (appelées thyrses) de fleurs blanches ou roses/rouges. Les tilleuls sont aussi présents (11 %), avec leurs feuilles en forme de cœur et leurs petits fruits munis d’une aile allongée. On reconnaît l’érable (9 %) à la feuille du drapeau canadien, et à ses fruits sec ailés qui tombent en tournoyant. Enfin, mention spéciale aux sophoras (6 %) dont la floraison tardive enchantera ce mois d’août de larges grappes de fleurs blanches.

« Nous avons diversifié les espèces, explique ­Pénélope Komitès adjointe à la maire de Paris chargée des espaces verts, de la nature et de la biodiversité. Surtout, j’ai souhaité introduire des fruitiers dans la ville. Ainsi, 1.700 ont été plantés dans les 210 écoles de Paris et plus de 600 dans les rues et les parcs ». Un travail de réflexion est ainsi mené sur le choix des espèces, conformément au Plan Biodiversité de Paris. Il prévoit de favoriser les espèces régionales et anticipe les dérèglements climatiques en sélectionnant celles qui résistent aux sécheresses. Tout ce travail s’intègre au plan de trame verte et bleue qui entend créer des connexions entre les îlots naturels, séparés par le tissu urbain.

Les gardes champêtres de Paris

La plupart des arbres fraîchement plantés dans la capitale viennent de pépinières détenues par la ville. Le centre de production horticole situé à Rungis livre 3000 arbres par an et fait pousser des milliers d’espèces. Les 135 employés qui y travaillent reçoivent les commandes un an à l’avance en fonction des coupes, ou des besoins événementiels. En effet le centre fournit également les sapins, les compositions florales pour les célébrations officielles etc. Depuis peu et dans un esprit d’économie circulaire, la ville a décidé de mettre le surplus de plantes généré à disposition des parisiens. Elle organise donc des ventes à prix cassés pour que chacun puisse fleurir son balcon ou verdir son jardin.

Une pépiniériste taille une arbre à 3 mètres de haut pour qu'il prenne la forme fléchée des arbres d'alignement à Paris

Une pépiniériste taille une arbre à 3 mètres de haut pour qu’il prenne la forme fléchée des arbres d’alignement à Paris – Mairie de Paris – Emilie Chaix

Une multitude de métiers est mobilisé pour l’entretien de ce patrimoine vert, du biologiste en passant par le paysagiste et le jardinier. Les élagueurs sont en charge de la sécurité en ville. Il surveillent l’état de santé de chaque arbre régulièrement. Si une maladie se déclare, la coupe est souvent la seule solution pour éviter à l’arbre d’infecter ses voisins. En cas d’urgence ou d’opération délicate, certains élagueurs sont dit « d’astreinte d’arbres », comme à l’hôpital. Lorsqu’un arbre menace de tomber il est possible de lui offrir un support, comme une béquille en béton. C’est le cas pour le plus vieil arbre de Paris : planté en 1601, le robinier du square René-Viviani survit encore alors qu’il a reçu la foudre.

Et pour poursuivre l’immersion dans les cimes parisiennes, la fondation Cartier propose l’exposition “Nous les Arbres” jusqu’au 10 novembre.

 

Et pour compléter le sujet, découvrez notre vidéo : « A quoi servent les arbres en ville ? »

Usbek & Rica
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