Urbex : vers l’institutionnalisation d’une pratique ?

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16 Juin 2016

On parle bien souvent de l’expansion des villes, de leur démographie qui explose et de la saturation de place qui guette ces espaces construits. On aborde finalement assez peu la ville qui stagne, agonise et se dépeuple. Il existe pourtant des passionnés de ce bâti mourant ou déjà mort, et on les qualifie d’explorateurs urbains. Focus sur “l’urbex” (diminutif d’urban exploration en anglais), cette pratique alternative qui consiste à s’aventurer dans les recoins cachés, interdits, décrépis ou abandonnés de nos cités.

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Imaginez toutes les histoires qu’on pourrait se raconter entre ces murs inhabités… – Crédits Jorn Idzerda sur Flickr

Urbex, mode d’emploi

L’exploration urbaine est un passe-temps déjà ancien, qui naît en particulier à partir des années 1980-1990. Dans ce cadre, l’idée est de se rendre – seul ou en groupe – dans des lieux vides – désaffectés, inexplorés, ou interdits au public.

« L’urbex, en soi, est une activité clandestine, mais pas tout à fait illégale : si la violation de domicile est punie par la loi, la violation de propriété privée, elle, se situe dans un vide juridique. En réalité, tout dépend de la nature du lieu concerné : bâtiment militaire, administratif, terrains appartenant à la SNCF ou aux Réseau ferré de France… », voir : « Avec des explorateurs urbains : « Entrer, c’est qu’une étape »” (2012) sur Rue 89

Selon les codes de bonne conduite traditionnels, les visiteurs doivent respecter les lieux à tout prix – ceci impliquant de ne pas y laisser de traces (déchets ou dégradations). Bien souvent, l’un des piliers d’une excursion implique un repérage préalable, des plans spéciaux indiquant la meilleure façon de se rendre sur le terrain… à condition d’éviter l’entrée par effraction, et de garder secret ses meilleurs spots !

 

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Attention à ne pas tomber en admirant la vue ! – Crédits Maxime Hillairaud sur Flickr

C’est donc avant tout une question de curiosité et de fascination pour l’inconnu, l’Histoire, l’énigmatique, parfois le danger, qui poussent ces nouveaux aventuriers urbains à l’infiltration et à la découverte. Certains en profitent d’ailleurs pour coupler l’inspection des lieux avec une démarche artistique ou journalistique (photographies, reportage, cartographie des différents lieux abandonnés ou cachés etc.). L’une des branches de cette pratique consiste ainsi à s’infiltrer sur un site pour restaurer un objet ancien défectueux (voir la section des Untergunther notamment) ; ou bien pour y mettre en place des activités non lucratives et artistiques, comme la célèbre installation d’un cinéma dans une salle souterraine sous le Palais de Chaillot… D’autres recherchent simplement le frisson et l’expérience insolite, en s’organisant un pique-nique sur le toit d’une gare désaffectée, par exemple.

Du succès de l’impraticable à la marketisation d’une tendance

Petit à petit, cette activité underground s’est démocratisée, non pas auprès de tout le monde, mais pour une poignée de jeunes (et moins jeunes) urbains… Qui donc aujourd’hui, n’a pas rencontré au moins une fois un ami d’ami cataphile ? La pop-culture aidant, l’intrusion entre copains dans une maison en ruine ou un asile à l’abandon figure notamment parmi les tropes révélateurs du cinéma horrifique (récemment : les séries TV American Horror Story, Scream Queens…). Et, même en dehors de ce genre isolé, qui ne s’est jamais imaginé en possession de la « Carte du Maraudeur » – ce plan aux vertus magiques cartographiant les recoins dissimulés du château de Harry Potter – de sa ville pour fouiller ses mystères sans être repéré ?

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Paris, RATP/ station « Croix Rouge » – Crédits Vincent Desjardins sur Flickr

Sans surprise, les municipalités s’y mettent aussi, et ce depuis quelques années déjà ! A côté des visites touristiques traditionnelles – les toits d’une cathédrale, les cachots d’une ancienne prison etc. – se développe ainsi le marché des excursions « insolites ». Paris et son métro regorgent notamment de secrets et d’endroits surprenants… A l’instar de l’ouverture progressive de certains chantiers urbanistiques au grand public dans le cadre de divers événements, la ville de Paris et la RATP surfent également sur cette mode du tourisme alternatif. Des coulisses du métro aux tours nocturnes dans la cité, plusieurs opérations invitant les visiteurs à découvrir la face cachée de la capitale sont alors mises en place depuis un certain temps. Dès lors, plus besoin de redouter la police pour se promener dans une station fantôme puisque l’opérateur de transport prévoit à présent des rondes officielles avec les citoyens !

Pour aller plus loin :

{pop-up} urbain
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