Tokyo sous le prisme du manga : un voyage dessiné

Centre commercial 109. De gauche à droite : dans la réalité - dans le manga Nicky Larson - dans l’anime Nana
4 Nov 2015

Aujourd’hui, nous vous proposons de voyager dans les rues japonaises à travers des imaginaires bien connus, ceux du manga et de la japanime. Voici donc un tour d’horizon des lieux emblématiques de la capitale nippone que l’on retrouve dans l’univers graphique produit localement.

Dans les mangas et dessins animés japonais, la ville est parfois fantasmée dans un futur plus ou moins lointain, mise à rude épreuve voire même partiellement détruite comme dans Akira. Mais il arrive aussi que ces œuvres nous livrent un aperçu plus réaliste de la ville nippone, en particulier de sa capitale. En effet, certains quartiers tokyoïtes sont souvent représentés, et rendus aisément reconnaissables par quelques places fortes emblématiques. Ces lieux récurrents sont choisis pour ancrer la narration dans un contexte familier, contribuant à nous faire voyager à travers le papier ou le petit écran.

Les quartiers animés, la branchitude par excellence

Shinjuku et Shibuya sont les deux arrondissements les plus souvent représentés dans les mangas et les animés. Ces deux quartiers hyper-centraux de Tokyo sont à l’image de ce que l’imaginaire populaire se fait d’une ville japonaise : dense, animée lumineuse et agitée. Le centre commercial 109 en est le bâtiment le plus emblématique, et le plus intemporel. Déjà présent sur nos écrans du club Dorothée dans les années 1980 avec Nicky Larson, il reste la vitrine de ce quartier branché où les activités commerciales fourmillent et les nouvelles tendances émergent.

 

Centre commercial 109. De gauche à droite : dans la réalité - dans le manga Nicky Larson - dans l’anime Nana

Centre commercial 109. De gauche à droite : dans la réalité – dans le manga Nicky Larson – dans l’anime Nana

 

Autre place forte du quartier : le fameux carrefour de Shibuya, que les cinéphiles ont pu apercevoir dans le Lost in Translation de Sofia Coppola… Monumental par sa taille et le nombre de piétons qui l’empruntent à chaque feu vert, il est à l’image du Tokyo fourmillant que l’Occident aime à imaginer.

Le carrefour de Shibuya. A gauche : dans la réalité - à droite : dans l’anime iDOLM@STER Cinderella Girl

Le carrefour de Shibuya. A gauche : dans la réalité – à droite : dans l’anime iDOLM@STER Cinderella Girl

A travers ces deux exemples du centre-ville de Tokyo, se dresse le portrait d’une ville en mouvement permanent. Cette facette est largement répandue dans l’imaginaire collectif, mais trop souvent assimilée à l’ensemble de la capitale japonaise, réduisant de facto sa diversité à quelques quartiers commerciaux populaires.

Les architectures métabolistes de Kenzo Tange, symbole administratif et politique

Après les quartiers branchés et animés, allons quelques stations de métro au nord, pour visiter la face plus sérieuse de Tokyo : Shinjuku, terre d’accueil des salarymens en costume cravate. Pour représenter cette facette de la ville, les adeptes du crayon utilisent souvent les bâtiments du mouvement métaboliste. Ce courant architectural des années 1960 revendique une architecture et un urbanisme novateurs où la ville est mobile et évolutive, telle un organisme vivant. Le siège du gouvernement métropolitain, signé de l’architecte Kenzo Tange, constitue ainsi l’un des monuments les plus singuliers de la capitale, avec sa forme de cathédrale aux deux tours jumelles. Son image est logiquement utilisée pour illustrer l’administration et les pouvoirs publics de la ville, tout en situant l’action dans le quartier de Shinjuku.

Siège du gouvernement métropolitain / MPD Psycho / Terror In resonance

Siège du gouvernement métropolitain / MPD Psycho / Terror In resonance

Le siège de la télévision Fuji est un autre bâtiment du célèbre architecte nippon assez récurent dans les animés, surtout depuis les années 2000. Construit en 1997 sur l’île artificielle d’Odaiba, il devient peu à peu l’emblème fort de ce quartier, souvent associé au Rainbow Bridge. Ces deux symboles marquent le paysage de la baie et inscrivent le quartier dans une dynamique forte de modernité… et de business, bien sûr.

Le siège de la télévision Fuji. A gauche : dans la réalité - dans l’anime Terror In resonance

Le siège de la télévision Fuji. A gauche : dans la réalité – dans l’anime Terror In resonance

Infrastructures de rues

Autres forts marqueurs de l’espace urbain japonais, la singularité de ses rues et ruelles se retrouve inévitablement dans les œuvres de la pop-culture japonaise. Envahie d’enseignes lumineuses et de fils électriques partant en tous sens, la rue nippone est en effet semblable à ce que nous laisse en deviner les dessinateurs. Tout voyageur étranger, foulant pour la première fois le sol nippon, ne se lassera pas de lever la tête, hébété devant cet enchevêtrement de poteaux électriques, câbles et néons en tous genres.

Enchevêtrement de poteaux électriques, câbles et néons. De gauche à droite : réalité - dans l’anime Nana - dans l’anime Fruits Basket

Enchevêtrement de poteaux électriques, câbles et néons. De gauche à droite : réalité – dans l’anime Nana – dans l’anime Fruits Basket

L’espace public est aussi marqué par de lourdes infrastructures de transport. Les autoroutes urbaines surélevées et les voies ferrées morcellent l’espace de la ville japonaise, créant des confrontations entre rues et infrastructures. Ces rencontres façonnent dans le paysage urbain de nombreux passages à niveaux et ponts, spécifiques à l’espace nippon que les mangakas ne se lassent pas d’utiliser comme décor à leur narration.

Infrastructures de transport. De gauche à droite : dans la réalité - dans l’anime Terror in resonance - dans l’anime Death Note

Infrastructures de transport. De gauche à droite : dans la réalité – dans l’anime Terror in resonance – dans l’anime Death Note

Le mythe d’un Tokyo fantasmé

L’image véhiculée en Occident par les mangas a longtemps fantasmé Tokyo comme une métropole futuriste. Cependant, comme nous avons pu le voir, certains aspects offrent quelques aperçus des urbanités japonaises que l’on peut effectivement trouver une fois sur place. Récemment, plusieurs séries se sont évertuées à dresser des contours plus réalistes des villes qu’elles dépeignent.

On note aussi l’émergence de nouveaux imaginaires urbains qui s’éloignent de la capitale nippone, celle-ci ayant longtemps phagocyté l’imaginaire de la ville japonaise. Certains mangas et animes se situent ainsi dans d’autres villes de province, à Kyoto par exemple avec Uchouten Kazoku, ou parfois même dans la campagne profonde avec Barakamon ou Non non biyori. Une bonne manière de découvrir la variété des paysages urbains du Japon, qu’il convient cependant d’aller creuser sur place pour une expérimentation plus profonde et intime…

 

Pour aller plus loin :

 

{pop-up} urbain
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