Singapour, les ambitions d’une ville au service de fragments d’utopies

19 Nov 2014

Les rumeurs étaient venues jusqu’à nous, Singapour semble vouloir se démarquer des villes qui comptent dans le monde contemporain. C’est une ville qui attire, située sur le détroit de Malacca, elle possède le second port mondial en terme de trafic. Ville état, elle a aussi mis en place une fiscalité qui séduit. Mais ce n’est pas seulement sur des atouts économiques qu‘elle charme habitants et visiteurs, Singapour a réussi à se construire une urbanité particulière qui arrive à conjuguer les ambitions et les contraintes d’une ville mondialisée avec certains petits bouts d’utopies.

Marina Bays Sand, le nouvel emblème de la ville - crédits Antoine Dubois

Marina Bays Sand, le nouvel emblème de la ville – crédits Antoine Dubois

Près de 6 millions d’habitants peuplent aujourd’hui Singapour, depuis Raffles, le fondateur anglais. Aujourd’hui le paysage urbain est à la fois innovateur dans certains de ses traits et conservateur : de larges quartiers coloniaux aux nombreuses arcades constituent un patrimoine historique à la reconnaissance naissante. Les petites échelles de la ville coloniale côtoient celles des très hauts immeubles qui construisent la ville contemporaine. Ce qui surprend le plus à Singapour c’est le cosmopolitisme de la ville, nous avons l’impression que le monde entier s’y est donné rendez-vous pour être au service du développement de la cité.

La ville de Singapour continue sans cesse son développement, un ouvrier sur Marina Bay - crédits Antoine Dubois

La ville de Singapour continue sans cesse son développement, un ouvrier sur Marina Bay – crédits Antoine Dubois

Pour séduire autant, la ville s’est d’abord débarrassée de beaucoup de nuisances qui caractérisent trop souvent les villes surpeuplées. C’est sûrement l’économie d’échelle et peut être d’autres raccourcis dans sa gouvernance, qui lui ont permis de prendre des décisions fortes. Comme à Londres, l’entrée aux véhicules dans le centre est soumise à un péage que tout le monde ne peut pas s’offrir, s’ajoute à ce système une taxe élevée à l’achat et pour l’utilisation d’un véhicule personnel. La ville offre en échange une gamme assez large de transports collectifs, et ne manque pas de taxis. Singapour ne s’étouffe donc jamais d’artères surchargées, l’ambiance sonore semble métamorphosée et le piéton a l’impression d’une véritable liberté de mouvements et de grands espaces lui sont dédiés. Autre choix politique et urbain important et présent depuis la fondation de la ville : celui de faire de Singapour une ville jardin. Portée désormais par deux icônes que sont le Botanical Garden et Garden by the Bay la ville, souhaite toujours étendre ses environnements verts au service d’utopies écologistes qu’elle met à profit de ses citoyens.

Les deux grandes serres du Botanical Garden - crédits Antoine Dubois

Les deux grandes serres du Botanical Garden – crédits Antoine Dubois

Le destin de Singapour n’est pas non plus entièrement vert. Lorsque nous arrivons en avion depuis l’Indonésie, avant l’atterrissage nous devinons les contours de nouvelles digues qui renferment à nouveau des territoires qui seront pris sur la mer. La poldérisation se fait au sacrifice des fond marins, de là où le sable est pris en profondeur jusque là où il sera déposé. C’est le manque de surface qui est depuis toujours un problème évident à Singapour. Le territoire n’a cessé de vouloir se développer ainsi durant les 35 dernières années et la poldérisation représente un gain d’environ 100 km² (soit près de 17 % de sa superficie). Singapour est une ville qui a su se développer et se distinguer, elle a fait le choix de ne pas étouffer dans l’enclave insulaire qui la contraignait.

Little India est le cœur historique de la ville avec d'anciens bâtiments que l'on pourrait retrouver en Méditerranée - crédits Antoine Dubois

Little India est le cœur historique de la ville avec d’anciens bâtiments que l’on pourrait retrouver en Méditerranée – crédits Antoine Dubois

La ville est désormais une ville monde, qui a fait sa place dans le paysage des grandes villes mondialisées. Aujourd’hui en 2014, nous avons eu l’impression de nous retrouver dans une ville avec une effervescence contemporaine, qui pourrait ressembler à ce qu’a été le New York de nos grands-parents. Le cosmopolitisme, cité plus haut en est peut être un des effets. Habiter Singapour, peut ressembler à habiter peut être n’importe quelle ville de son échelle, avec des modes de vie standardisés pour ne pas dire occidentalisés. Mais même si des habitudes sont devenues communes à beaucoup de gens, comme dans beaucoup de villes au carrefour des civilisations, Singapour ne semble vouloir effacer aucune culture. La ville se rend compte peu à peu de la richesse de son histoire à la croisée de beaucoup de cultures et semble donner le visage d’une ville multiple qui s’est donné les moyens de construire une vraie qualité de vie.

 

Architecture by Road
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