Shanshui City, la ville-paysage
À l’occasion de la conférence Cities for Life de Paris, Carlos Moreno est revenu sur l’exemple de Beijing pour illustrer la mise en place d’un nouvel éco-urbanisme. La philosophie de la Shanshui City, développée par l’architecte Ma Yansong, pourrait inspirer d’autres professionnels de la ville dans le monde.
Beijing, Delhi, mais aussi Paris, la pollution atmosphérique concerne nombre de villes aujourd’hui, avec des seuils critiques largement franchis, notamment en Chine ou en Inde. La nature doit revenir dans les centres urbains, même déjà hyper densifiés. L’architecte Ma Yansong, fondateur de l’agence MAD, se démarque au niveau international par sa vision originale de l’environnement et de l’urbanisme. À l’instar des autres architectes de sa génération, il a pour mission de mettre en place une architecture audacieuse, capable de comprendre le passé et de s’adapter à la modernité.
Allier la sagesse orientale à l’urbanisme
Ma Yansong s’est fait connaître internationalement fin 2012 lors de l’inauguration du condominium « Absolute World » situé à Mississauga, à Toronto (Canada). La conception de ces tours d’habitation, surnommées « tours Marilyn Monroe » en raison de leur forme, lui été attribuée à l’issue d’un concours international. « L’idée de l’architecture coexistant avec la nature me fascine. » La philosophie de Ma Yansong, Shanshui City, allie la sagesse orientale à l’urbanisme et combine la densité urbaine et la préservation du paysage naturel environnant.
L’objectif est de parvenir à bâtir une ville dans laquelle les habitants ne sont pas déconnectés de la nature. La « ville-paysage » défendue par Ma Yansong puise son origine dans la culture chinoise. Shanshui (montagne – eau) signifie à la fois paysage pictural et littéraire, une idée qui perdure depuis plus de 1 500 ans.
Pas forcément une cité-jardin
Cette culture du paysage se manifeste dans les jardins, dans la poésie, la calligraphie, la peinture et dorénavant dans l’urbanisme. « La ville-paysage n’est pas simplement une éco-cité, ou une cité-jardin, ou n’implique pas forcément de modeler l’architecture de la ville en s’inspirant de formes naturelles comme les montagnes. Elle représente l’affinité naturelle de l’humanité pour le monde naturel, et sa quête pour sa complétude intérieure, telle qu’exprimée dans les philosophies orientales. »
Déambuler à travers la forêt
C’est à Beijing que Ma Yansong a mis en pratique l’idée de Shanshui City avec le complexe de Chaoyang Park Plaza qui fait face au parc Chaoyang, l’un des plus grands en Chine. La nouvelle skyline reprend les contours du paysage chinois naturel. Bureaux, habitations et places publiques vont occuper 120 000 m2 dans un environnement volontairement asymétrique. « En métamorphosant ainsi les figures traditionnelles de l’art pictural chinois – lacs, sources, forêts, ruisseaux, vallées et rochers – en paysages urbains modernes, cet espace crée un équilibre entre densité et paysages naturels. »
La construction du Chaoyang Park Plaza laisse entrevoir les évolutions des mégalopoles et la place que l’on veut bien donner au paysage dans nos villes. Le complexe devrait être inauguré prochainement, Ma Yansong pourra alors inviter « les gens à déambuler à travers une forêt dans la montagne. »
Pour en savoir plus : Shanshui City, Ma Yansong, Lars Müller Publishers (2015)