PLU bioclimatique – Vers le nouveau visage de Paris

En négociation depuis plus de deux ans, le nouveau PLU de la ville de Paris vient d’être voté en Conseil de Paris. En rupture avec les précédents, il entend faire entrer la capitale dans une nouvelle ère environnementale. Quels changements amène-t-il et surtout, à quoi ressemblera Paris en 2035 ?

Continuité végétale

Pour les parisiens, rien ne semble avoir changé : pas de chantier iconique ni de transformation frappante, pas de grande nouveauté. Pourtant en 2035, celui qui reviendrait d’un long voyage serait surpris du nouveau visage de la capitale. Beaucoup moins grise, la ville s’est végétalisée dans tous les sens. Les locaux s’y sont habitués, mais désormais la plupart des toits sont plantés, les trottoirs sont ouverts à la terre et la couverture végétale est nettement plus importante. Les places trop minérales se sont converties peu à peu en petits refuges verts et ombragés. Là où c’était possible, de petits squares ont remplacé le bâti, et aux abords du périphérique, de grandes emprises se sont transformées en parcs urbains. Plus difficile à remarquer, mais tout aussi important, la ville est plus mixte, avec  près de 40% de logements publics. Certains immeubles de bureaux ont même été aménagés pour accueillir des familles défavorisées…

Mur végétalisé dans le 13ème – Wikipédia

Horizon PLU

Que s’est-il passé exactement entre 2023 et 2035 ? Au-delà des intentions politiques et des campagnes de communication des différents occupants de la Mairie de Paris, ces changements découlent du nouveau PLU bioclimatique voté par le Conseil de Paris en juin dernier. Comme expliqué ici, le plan local d’urbanisme définit les grandes orientations d’aménagement et d’urbanisme d’une commune ou d’une intercommunalité. C’est donc un document majeur qui aiguille directement la fabrique de la ville pour plusieurs décennies. Avec ce vote ont été actés des objectifs ambitieux concernant la végétalisation et la mixité sociale des logements parisiens. Ce sont 300 hectares d’espaces verts à trouver d’ici 2035 et 40% de logements publics à mettre à disposition, soit 30% de logements sociaux et 10% de logements intermédiaires.

Adapter l’existant

En rupture avec le PLU précédent, celui-ci porte la volonté d’adapter l’existant plutôt que de faire table rase. Il s’agit de faciliter les rénovations thermiques, la désimperméabilisation ainsi que de mieux protéger le patrimoine végétal. Premier adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme, Emmanuel Grégoire, que nous avions interviewé il y a deux ans, résume cette philosophie lors d’une conférence au Pavillon de l’Arsenal : « Le PLU de 2006 était un PLU de production. Il visait à l’aménagement de grands espaces fonciers (comme la ZAC rive gauche, ndlr). Aujourd’hui nous passons à un PLU de dentelle, de transformation. Il n’y aura pas de destructions, sauf à démontrer qu’il n’y a pas d’alternative. » Ainsi, le document sanctuarise certaines parcelles contre la construction, comme les abords du périphérique, et limite la hauteur des bâtiments à 37 mètres comme c’était le cas avant 2006. Au Conseil de Paris, les voix de droite semblent contester le réalisme du document. Bioclimatique ou non, les écologistes semblent plutôt satisfaits. Nous avions interrogé la FNE Paris il y a un an afin de connaître leur position sur l’élaboration du PLU. Aujourd’hui plusieurs de leurs revendications semblent avoir été entendues.

Promenade René Dumont, 12ème – Wikipédia