Organicity – Utopies urbaines 7/7

L’exercice est convenu : « dessine-moi une ville verte ». Les étudiants du Design Lab Ville Durable de l’Ecole de Design Nantes Atlantique, encadrés par Clémentine Laurent-Polz, architecte, se sont prêtés au jeu de la confrontation des imaginaires en partant d’une donnée : les changements des modes de production agricole.

Et si en 2050… les conséquences d’une ville autosuffisante

Organicity - Clarisse Lebossé, Elsa Semin, Mathias Adam et Clément Breuille

Organicity – Clarisse Lebossé, Elsa Semin, Mathias Adam et Clément Breuille

Nous sommes en 2050, dans une ville de taille moyenne qui a décidé de tendre vers l’autosuffisance. Et ce à tous les niveaux : énergie, transports, approvisionnement en nourriture… Tous les besoins de la ville sont comblés en son sein. C’est à partir de ce scenario que Clarisse Lebossé, Elsa Semin, Mathias Adam et Clément Breuille, tous étudiants en quatrième année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique ont élaboré leur vision de la ville du futur. Leur proposition : Organicity. Ville organique ? Ville hyper technicisée ? Organicity est à la frontière des deux : c’est une ville hybride et intrinsèque à l’image du métabolisme. Une manière de susciter des questions sur notre manière actuelle de consommer aussi bien les aliments que l’énergie.

Des besoins en énergie grandissants

Dans cette ville qui a vu ses besoins alimentaires croître et la qualité de ses terres baisser, les fermes urbaines ont fait leur apparition. Et pour les faire fonctionner à bien, les champs de blés ont été remplacés par des champs d’éoliennes et de panneaux solaires. Car si ces fermes urbaines ont l’avantage de nourrir la population, elles sont également extrêmement énergivores.

Pour Mathias Adam, étudiant en Mutations du cadre bâti, ce futur de « ville verte » n’est pas forcément souhaitable : « L’hyper-connectivité de la ville et l’omniprésence des réseaux intelligents implique automatiquement des besoins en énergie grandissants de cette ville ». C’est donc une véritable ceinture énergétique qui prend place autour de la ville dans le but de faire fonctionner les fermes urbaines. « Ce modèle de culture hors-sol à haut rendement nécessite beaucoup d’engrais », insiste Elsa Semin, étudiante en Mutations du cadre bâti. « Cela nous interroge par ailleurs sur la qualité sanitaire des produits alimentaires en raison de la pollution urbaine et de la gestion des déchets toxiques ». Conséquence de tout ça : le coût des produits est élevé et ne peut convenir qu’à une catégorie sociale.

Des circuits parallèles pour satisfaire les besoins de tous

Face à ce modèle discutable, certains usagers aspirent à l’autoproduction et à une alimentation durable. Des associations et divers acteurs de la ville proposent alors une agriculture urbaine plus satisfaisante et respectueuse de l’environnement. « Nous avons imaginé des toits végétalisés, des potagers ou encore des serres pour rééquilibrer l’activité urbaine minérale avec la nature », ajoute Clarisse Lebossé, étudiante en Mutations du cadre bâti. Les usagers s’approprient donc l’espace public par petites touches et les consommateurs deviennent producteurs. Mais ce mode de production biologique a également ses inconvénients : ses rendements sont aléatoires et ne peuvent satisfaire complètement les besoins alimentaires des citadins.

Favoriser les mobilités douces pour l’acheminement des denrées lointaines

Bien sûr, l’autosuffisance complète est impossible : les habitants auront toujours des besoins qui ne peuvent être fournis par l’agriculture locale. « La ville a recours aux importations de denrées venues de territoires lointains », explique Clément Breuille, étudiant en Nouvelles Mobilités. « Nous avons choisi pour leur acheminement de privilégier les mobilités douces, grâce notamment au transport fluvial ». Afin de libérer le maximum d’espace pour la production et la circulation, les résidences ont été concentrées en un endroit de la ville ultra-densifié.

Organicity - Clarisse Lebossé, Elsa Semin, Mathias Adam et Clément Breuille

Organicity – Clarisse Lebossé, Elsa Semin, Mathias Adam et Clément Breuille

Bien loin d’une vision utopique du futur, Organicity, derrière ses atours séduisants, a l’avantage de nous interroger sur les paradoxes de la production localisée et ses dérives.

Et si l’approvisionnement des villes en nourriture façonnait nos territoires demain ? Ces utopies, ou parfois contre-utopies, sont le moyen de réinterroger l’économie et le rapport du citoyen au territoire au travers du design urbain. Une saga en 7 volets.

Par Zélia Darnault, enseignante

L'École de design Nantes Atlantique
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