Les îles indonésiennes, les diversités préservées – Ratengaro

28 Oct 2014

Ratengaro est un village situé à l’extrême ouest de l’île de Sumba, une des îles de la Sonde en Indonésie. Imaginez un paysage dessiné par l’océan, où quelques roches noires résistent encore au sable blanc porté par les courants, l’eau a un bleu comme il est rare d’en voir, le tout bercé par les bruits généreux des vagues de l’océan et ceux d’une forêt tropicale qui commence à quelques mètres de là. Nous sommes ici dans ce que l’on pourrait encore appeler un bout du monde, voici le décor dans lequel se cache Ratengaro.

Le village de Ratengaro depuis la plage, à l’ouest de Sumba - crédits Antoine Dubois

Le village de Ratengaro depuis la plage, à l’ouest de Sumba – crédits Antoine Dubois

La route est longue pour arriver au village, les derniers kilomètres se parcourent à pied. Nous longeons la côte dans la poussière du sentier, guidés par les derniers indices recueillis au précédent bourg. Quand petit à petit au dessus de la cime des arbres commence à se dresser le sommet des toits. C’est ce curieux prolongement de toiture, à la forme d’une longue cheminée, qui nous fait reconnaître le village. Une dizaine de jours auparavant nous en parlions à Jakarta avec Yori Antar, un architecte indonésien attaché au patrimoine de son pays ; c’est avec lui que nous avons tracé notre chemin en Indonésie.

Yori Antar est le fondateur de Rumah Asuh, une association créée pour promouvoir le patrimoine indonésien, étant parfois en mal de reconnaissance ou au contraire croulant sous des hordes de touristes. Outre la levée de fond, la sensibilisation et la préservation, il est convaincu du rôle que jouera le patrimoine ancien pour le futur. Il a un regard débordant de respect et d’admiration sur les constructions et les techniques ancestrales. Il y trouve certaines inspirations pour son travail contemporain d’architecte et il est également persuadé qu’une attention fine et délicate vouée à ce patrimoine peut donner certaines clés ou leçons pour l’avenir. Pour Yori Antar, l’architecture du XXIe siècle ne se fera pas sans un regard attaché aux œuvres de nos ancêtres.

Les enfants, curieux de nous rencontrer - crédits Antoine Dubois

Les enfants, curieux de nous rencontrer – crédits Antoine Dubois

Nous arrivons, nos yeux grands ouverts en direction de ces maisons aux curieuses silhouettes et c’est Tomas qui nous accueille au village. C’est chez lui aussi que nous passerons la nuit suivante. Il n’est pas le chef du village mais il est celui avec qui nous pouvons échanger quelques mots en anglais. A peine arrivés les enfants du village courent vers nous, amusés de voir des occidentaux assis sur les planchers en bambou des maisons de leurs familles. Elles sont construites autour d’une place centrale occupée par la pierre noire des tombes massives des ancêtres du village ; les sépultures sont restées à proximité des vivants. Tomas, a installé sa maison devant la tombe de ses aïeuls.

Les maisons sont entièrement construites en bambous, un plancher haut libère le sol qui devient territoire des animaux : à Ratengaro les habitants élèvent cochons, volailles et chèvres. Deux paliers assez larges se succèdent sur la façade principale, c’est par cet escalier aux deux grandes marches que nous entrons à l’intérieur de la maison. Nous y croisons les anciens de la famille ou du village. Ils restent là à veiller sur les enfants, prêt à discuter avec d’autres.

Le père porte l'épée traditionnelle avec deux de ses enfants devant leur maison - crédits Antoine Dubois

Le père porte l’épée traditionnelle avec deux de ses enfants devant leur maison – crédits Antoine Dubois

Nous nous glissons sous le toit en chaume, au centre de la grande et unique pièce se trouve le foyer où bouillonne déjà le repas. Autour de la pièce se dressent de petites cloisons en bambou qui dessinent timidement quelques alcoves, une chambre pour les enfants et quelques réserves. Le soir venu, la femme de Tomas nous étend des nattes tressées au sol. Les nuits sont fraiches face à l’océan, nous sortons nos duvets. Tomas reste dormir avec nous. Poussés par la curiosité, nous sortons de notre couchage un peu plus tard et nous admirons un ciel étoilé comme il nous a été rare d’en voir, les silhouettes des maisons ressortent sous ce tapis d’étoiles, où sommes nous ? Pendant un instant nous restons un peu perdus, dans l’ivresse d’une découverte encore jeune dans nos esprits.

Les toits de Ratengaro, sous un ciel d'étoiles  - crédits Jérémy Coste

Les toits de Ratengaro, sous un ciel d’étoiles – crédits Jérémy Coste

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