Les îles indonésiennes, les diversités préservées – Waerebo

L’Indonésie est un pays aux centaines d’îles séparées par des mers plus ou moins capricieuses selon les saisons et les années. C’est une des raisons pour lesquelles les cultures des îles sont si distinctes les unes des autres. Chacune a sa propre culture, ses propres expressions architecturales. À une centaine de kilomètres de Sumba se trouve Florès une seconde île qui a retenu notre attention, nous prenons la mer à bord d’un ferry qui après 20 heures de trajet nous dépose au port de Labuan-Bajo.

Le village de Waerebo se dévoile peu à̀ peu - crédits Antoine Dubois

Le village de Waerebo se dévoile peu à̀ peu – crédits Antoine Dubois

Le village que nous nous apprêtons à rejoindre se nomme Waerebo, il est situé en altitude et n’est resté accessible qu’à travers un sentier au cœur de la jungle. Un long trajet s’annonce, une nouvelle fois, nous voyageons à l’économie et décidons de prendre un taxi collectif local ou bemo. Il n’y avait que 90 kilomètres nous séparant de Ruteng, la prochaine étape et nous mettrons près de 8 heures de trajet pour les parcourir dans un minibus surchargé, quelques poules à nos pieds. Les routes montent et serpentent ; le flanc des collines et des montagnes du centre de l’île, le paysage et les températures changent. Arrivés à Ruteng, nous prenons le temps de nous réorienter, nous découvrons qu’une nouvelle journée de route est nécessaire pour rejoindre Denge, le village qui servira de point de départ au trek jusque Waerebo.

Nous partons le matin tôt, dans une forêt tropicale encore humide des averses précédentes. Le ciel a été généreux et abondant la nuit dernière, nous enjambons des flaques de boue et glissons parfois dans les pentes les plus raides. L’atmosphère ambiante nous transporte, c’est la première fois pendant le voyage que nous sommes aussi proches de la nature. Le sentier qui nous guide fait moins d’un mètre de large, nous caressons les plantes et les grandes fougères qui sont à notre hauteur. Le son au cœur de la jungle est impressionnant, les oiseaux et sûrement les singes, chantent et communiquent entre eux, à croire que la forêt est restée intacte et que la nature y est encore seule et puissante reine. Un peu plus haut, nous croisons l’altitude des nuages, une rosée puis une pluie nous rincent de la sueur et de la boue qui trainaient sur nos corps, le dénivelé ralentit, c’est le signe que le village est proche. Nous continuons et le découvrons quelques centaines de mètres plus loin, perché sur un promontoire au milieu de la vallée et dans un écrin de nuage. Le silence soulignera l’arrivée ; l’émotion de la découverte et la fatigue des dernières heures de montée nous laisseront admiratifs devant ce spectacle. Une nouvelle fois nous avons cette question sur nos lèvres : où sommes nous ? Pour quelques instants nous sommes ailleurs, très loin de tout ce que nous connaissions.

La jungle que nous traversons se transforme et se confond parfois avec des plantations de café qui restent sauvages - crédits Antoine Dubois

La jungle que nous traversons se transforme et se confond parfois avec des plantations de café qui restent sauvages – crédits Antoine Dubois

Il fait frais et c’est la fin d’après midi lorsque nous arrivons au village, le sentier le domine sur les derniers mètres. Il est composé de sept grandes maisons. Elles ont des allures de casque et s’organisent en cercle autour d’une place centrale qui fait face à la montagne. La forme, surprenante au premier abord, se révèle en fait très adaptée aux vents, parfois violents, qui soufflent dans la vallée : l’architecture traditionnelle fait preuve ici d’un aérodynamisme finement étudié. La maison la plus haute est celle du chef du village, toujours responsable de la communauté. C’est cette maison que nous sommes invités à rejoindre en premier. Traditionnellement, il veut nous voir et savoir qui est de passage au village. Il nous présente ensuite aux ancêtres du village à l’aide d’une courte prière. Nous restons silencieux et admirons la scène qu’il nous est donnée de voir. Acceptés suite au rituel, nous sommes invités à profiter du village.

A Waerebo, on cultive le café, le village et les maisons sont parfumés de cette douce odeur, à certains moments on devine aussi quelques airs de vanille. Aux seconds et troisièmes niveaux des maisons sont les réserves des récoltes précédentes. Depuis le niveau de vie, où se situent la cuisine et les chambres, ces parfums chauds nous enivrent. Les esprits des ancêtres, à qui les derniers étages sont dédiés profitent aussi de ces charmantes effluves. Les maisons sont grandes et conçues pour accueillir une famille entière, au sens large avec oncles, tantes et cousins. Ils vivent ensemble sous le même toit et ont une pièce, une chambre, par famille : parents, et enfants.

Un homme étale les grains de café au sol pour qu'ils sèchent aux premiers rayons de soleil - crédits Antoine Dubois

Un homme étale les grains de café au sol pour qu’ils sèchent aux premiers rayons de soleil – crédits Antoine Dubois

Le soir, nous serons logés dans la maison réservée aux hôtes du village, nous nous endormons tout en confiance conscients de la chance qu’il nous a été donné de pouvoir toucher et arpenter un monde encore presque intact ; émerveillés aussi de voir une nouvelle fois que même loin de nos civilisations contemporaine, le génie humain en faisant preuve et bon usage de sa science, construit des merveilles.

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