Le Japon, le pays des possibles

21 Oct 2014

Au cœur du paysage urbain du Japon contemporain, les architectes osent, ils réinventent un territoire aux multiples visages, mais construisent une architecture toujours aussi sensible et fine, selon les vocations de leurs aînés. A la fin de notre parcours sur l’archipel, nous nous arrêtons une dizaine de jours à Tokyo, la ville aux mille fantasmes architecturaux.

Tokyo est une mer de béton qui s'étend à perte de vue. Crédits : Antoine Dubois

Tokyo est une mer de béton qui s’étend à perte de vue.
Crédits : Antoine Dubois

C’est une mer de béton que nous découvrons depuis les hauts étages de la tour du conseil métropolitain tokyoïte, de nuit la ville scintille, de jour elle s’agite mais reste étonnamment calme dans des quartiers entiers. Le Japon, lui aussi, nous montre deux mondes qui cohabitent. Un monde serein, comme nous l’attendions au pays du zen, et un monde électrisant qui correspond à un pays au dynamisme foudroyant. Chacun y trouve sa place, selon ses humeurs, ses envies, ou ses habitudes. Le Japon a commencé à vraiment nous fasciner.

Nos promenades urbaines nous plongent au cœur de notre sujet. Nos longues déambulations nous permettent de traverser des quartiers entiers. L’urbanisme y est chaotique, mais il faut l’entendre ici comme un beau compliment. Les quartiers résidentiels ressemblent, ici, presque à une nouvelle expression des échelles du vernaculaire qui a construit le charme des villes petit à petit, sauf qu’ici tout va plus vite, et on construit comme si la maison ne durait qu’un temps. Ce qui ouvre plus de liberté à l’expérimentation architecturale : si rien ne dure, on peut essayer autre chose, si erreur il y a,elle ne durera pas. Les règles d’urbanisme, le considérant, restent ouvertes et ne contraignent pas ou très peu les constructions neuves. Elles ne donnent que l’approximation d’un gabarit à suivre, mais ce dernier reste large. Certains architectes s’y perdraient sans doute, ici, c’est souvent vécu comme atout. Les architectes peuvent oser, et construire en réinventant parfois les concepts mêmes de la maison. A Tokyo, nous avons eu la chance de pouvoir suivre les pas de Ryue Nishizawa et de Sou Fujimoto. Deux architectes de renom, et deux maisons qui montrent l’incroyable vivacité de l’expérimentation et de l’innovation japonaise. Des architectures qui peuvent être subversives, tendres, pleine d’humour, parfois décalées, nous découvrons un pays qui ouvre en grand le champ des possibles. Les architectes japonais sont en train de questionner et presque de réinventer l’habitation.

La maison de monsieur Moriyama est pensée au milieu d'un jardin, la nature s'exprime au cœur de la maison. Crédits : Antoine Dubois

La maison de monsieur Moriyama est pensée au milieu d’un jardin, la nature s’exprime au cœur de la maison.
Crédits : Antoine Dubois

La première maison est celle de monsieur Moriyama, c’est lui même qui nous accueille, discret et toujours un peu impressionné par la célébrité du lieu où il vit, il a aussi l’air d’en être un peu fier. Devant nous se dresse une nouvelle forme de l’habitat, un monde blanc qui se fond dans une végétation encore humide par les gouttes de la dernière pluie. Cette maison particulière est composée de multiples volumes, à un ou deux niveaux, entre ceux-ci : le jardin et quelques arbres qui commence à être de belle taille. Cette maison, est en fait une collocation entre plusieurs foyers, que le propriétaire loue en attendant de racheter. Une opération habile, qui lui permettra de pouvoir vivre avec le luxe de l‘espace, pour l’instant lui vit dans quatre volumes: les pièces de vies principales, sa chambre à l’écart, une cuisine, puis une salle d’eau. Toutes sont reliées par un tapis de petites pierres dessiné au sol. Quelle que soit la météo, il faut passer à l’extérieur, la nature est ici encore libre de dicter ses conditions au cœur de l’habitat.

Depuis la rue la maison contraste avec le reste de ses voisins. Crédits Antoine Dubois

Depuis la rue la maison contraste avec le reste de ses voisins.
Crédits : Antoine Dubois

 

Un cycliste devant la maison NA de Sou Fujimoto. Crédits : Antoine Dubois

Un cycliste devant la maison NA de Sou Fujimoto.
Crédits : Antoine Dubois

Quelques jours plus tard, nous rencontrons Sou Fujimoto qui nous introduit la maison NA, dessinée par ses ateliers en 2010. Une maison complètement transparente, où une succession de plateaux à différents niveaux vous font vivre à l’intérieur comme si vous viviez dans un arbre. La légèreté de la structure blanche participe aussi à la métaphore. Des différences de hauteurs créent certains meubles : un bureau où l’on travaille, ou des banquettes où l’on se perche. Les pièces sont continues entre elles : les différences de hauteur marquent les différents rôles principaux des lieux. Les rôles et les fonctions se superposent aussi : on domine et l’on joue aussi avec ce nouveau genre de territoire intérieur.

Le Japon et ses architectes osent, cette terre des expérimentations sait déjà donner des pistes de réflexion sur l’habiter futur et contemporain. Nous sortons de nos visites et de nos rendez-vous la tête pleine de questions mais surtout heureux que des gens et des architectes interrogent toujours le sujet.

Pour aller plus loin :

Architecture by Road
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