Le design circulaire : un chantier d’avenir dans le bâtiment

© Théo Le Baron
1 Sep 2022 | Lecture 2 min

Parmi les industries les plus polluantes figure un secteur souvent oublié. C’est lui qui génère le plus de déchets : 224 millions de tonnes en 2016. Avez-vous trouvé le coupable ? Il s’agit du secteur du BTP. À l’échelle de la planète, l’industrie de la construction est responsable de 39 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En ce sens, actionner le réemploi de déchets du bâtiment constitue un chantier pharaonique, mais aussi un bel espoir ! Un étudiant, Théo Le Baron du City Design Lab, de L’École de Design Nantes Atlantique a creusé la question.                     

Un aperçu de l’histoire des déchets du BTP

Une ère préindustrielle économe

L’ère industrielle a engendré de nouvelles méthodes de construction. Durant des siècles, les bâtisseurs ont préféré utiliser ce qui était à portée de main. L’acheminement et l’extraction des matériaux étaient beaucoup plus complexes qu’aujourd’hui et incitaient à l’économie, à la parcimonie. À présent, le recyclage des déchets issus du BTP émerge à nouveau comme une réponse possible aux défis environnementaux actuels.

Des chiffres édifiants

Comme mentionné ci-dessous, la production annuelle de déchets BTP est gigantesque. À hauteur de 224 000 000 tonnes/an, elle représente 69 % des déchets produits en France.

© Théo Le Baron

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En 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a mis un objectif de 70 % de valorisation des déchets issus du BTP en 2020. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le choix du matériel

On distingue 3 types de déchets dans le bâtiment.

  1. Déchets inertes : béton, brique, tuile, terre…
  2. Déchets non inertes non dangereux : métaux, bois, carton, plastique…
  3. Déchets dangereux : contenant des substances toxiques pour l’environnement ou la santé.

Aujourd’hui 46,9 % des déchets inertes sont réutilisés pour le remblaiement. A contrario, seuls 16 % des déchets non inertes sont réutilisés. Théo le Baron a choisi d’exploiter les bennes de bois issues de chantiers de déconstruction pour leur donner une seconde vie. Ainsi, il contribue à réemployer les déchets non inertes du bâtiment.

© Théo Le Baron

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Le jeune designer est familier du bois en tant que matériel : il l’a travaillé et manipulé lors de son expérience professionnelle en apprentissage. Le bois se prête aussi plus facilement à la transformation manuelle que d’autres matériaux.

Le projet “RE” : former au réemploi

Le concept

La formation proposée par Théo Le Baron vise à transmettre les gestes, les techniques et les outils essentiels au travail du bois. L’apprenant acquiert les compétences nécessaires pour créer son propre meuble à partir de matériaux usagés récupérés sur des chantiers régionaux. En partenariat avec des ateliers collaboratifs engagés sur la notion de réemploi, l’usager prend conscience de l’importance du geste et du « faire ».

 

© Théo Le Baron

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Le public

Cette formation est ouverte aux salariés, indépendants, artisans ou particuliers qui souhaitent se former à titre individuel. Ils peuvent, selon leur statut, accéder à certaines aides au financement : CPF, Fonds d’assurance formation, OPCO, Employeur ou  Pôle Emploi.

La mission

Le but de cette formation est d’immerger les stagiaires au cœur des métiers artisanaux, tout en les sensibilisant au réemploi de matériaux spécifiquement issus de chantiers. Guidé par un formateur, le participant apprend à fabriquer une pièce unique à partir de déchets issus du BTP. Il devient autonome en conception d’objet et développe, par la même occasion, sa créativité.

Création d’un banc/table avec des morceaux de MDF (bois composite) trouvés dans une benne bois d’atelier © Théo Le Baron

Création d’un banc/table avec des morceaux de MDF (bois composite) trouvés dans une benne bois d’atelier © Théo Le Baron

La vision

Les mentalités autour du réemploi ou du recyclage des déchets évoluent peu à peu. Néanmoins, de nombreuses réticences subsistent quant à l’utilisation des déchets. Re- sensibilise l’usager à la revalorisation artisanale des déchets inertes grâce à la formation.

L’engagement de Re-

  • Revaloriser un type de déchet issu du secteur du bâtiment pour créer de la matière première secondaire ;
  • lutter contre la diminution des ressources de la planète ;
  • promouvoir les formations dans le domaine de l’artisanat à l’échelle territoriale ;
  • offrir une alternative à la transition énergétique pour les acteurs locaux.

La formation en détail

© Théo Le Baron

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La formation se déroule en présentiel sur un volume horaire total de 80h. Au sein d’un atelier collaboratif dédié à l’artisanat professionnel, elle est encadrée par un expert et accueille 5 à 6 personnes. Elle comprend 2 blocs pédagogiques centraux :

→ Cours théoriques

L’enseignement contient des cours de sensibilisation à l’économie circulaire. Grâce à des cas d’études, les stagiaires étudient le potentiel de ressources inexploitées issues des déchets du secteur du bâtiment.

→ Ateliers pratiques

Les ateliers proposent des démonstrations de conception, des initiations aux outils de menuiserie, des exercices d’applications et des expérimentations individuelles centrées sur le projet.

Avant de s’engager dans une formation, l’apprenant doit disposer de quelques prérequis :

  • Avoir les bases du dessin technique ;
  • savoir lire et écrire sur un ordinateur ;
  • avoir l’esprit d’équipe, être patient, persévérant et autonome.

Les étapes du chantier à la salle de formation

Une fois le tri des matériaux effectué sur le chantier de déconstruction, ils sont acheminés vers l’atelier de formation. Ils y sont de nouveau triés et stockés dans la matériauthèque.

© Théo Le Baron

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Ensuite, lorsque l’apprenti a une idée d’objet sur lequel il aimerait travailler, il consulte des exemples de créations dans un guide dédié, en parle à son formateur puis, se met en quête du type de bois approprié (chêne, érable, châtaignier, hêtre) pour initier sa création sur-mesure.

Enfin, il actionne les machines à commandes numériques adaptées  pour créer et finaliser son meuble prêt à l’usage.

La pépinière idéale de Re-

La ville de Marseille semble être le lieu idéal pour accueillir et faire grandir Re-. Les futurs projets de déconstructions régionales sont facilement accessibles. De plus, en nouant un partenariat avec les autorités compétentes,  il serait aisé de modifier le cheminement des bennes pour les orienter vers les ateliers de formation. Enfin, la région de Marseille peut offrir une belle visibilité à cette formation.

De manière plus précise, l’atelier ICI MARSEILLE a été ciblé pour héberger les formations. C’est un atelier collaboratif qui accueille plusieurs disciplines du secteur artisanal. Leurs compétences en travail du bois et leurs expériences en matière de formation feraient d’eux des partenaires parfaits pour ce projet.

© Make ICI

© Make ICI

Un autre atelier dénommé “La réserve des arts” pourrait être identifié en tant que partenaire potentiel. Cet atelier d’art mobilise les techniques de réemploi dans de multiples projets en région marseillaise. Leur expertise et leur créativité seraient complémentaires au système proposé par Re-.

Réutilisation des déchets inertes, transformations du bois en pièces uniques, court-circuit des circuits courts : le chantier du réemploi dans le BTP est immense. Des initiatives telles que Re- amorcent une boucle éco-circulaire simple et efficace, elles dessinent un bel exemple transférable à tous ceux qui souhaitent agir pour le climat et pour un vrai “design circulaire”.

L'École de design Nantes Atlantique
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