La ville, une salle de sport géante ?

© Florian Brillet & Nicolas Lelievre
25 Nov 2021 | Lecture 4 min

Le confinement lié à l’épidémie de COVID-19 a déclenché en France une vague d’engouement sans précédent pour la pratique sportive. Suite à la fermeture des salles des sport, des milliers d’apprentis sportifs ont foulé le bitume pour la première fois. Dans la rue, le long de fleuves, de sentiers extérieurs ou sur la crête d’un mobilier urbain détourné, des adeptes de pratiques sportives libres ont pu se défouler et évacuer leur stress. Alors, nos espaces urbains seraient-ils en phase de devenir le terrain de jeu par excellence pour tout amateur de sport ? Comment imaginer, grâce au design, l’essaimage de nouvelles expériences sportives dans la cité ?

Le français : un sportif urbain d’intérieur

45 500 000 sportifs s’entraînent dans les villes françaises. Néanmoins, même si ce chiffre impressionne, quasiment la moitié des Français ne font aucun sport et 90 % des Franciliens déclarent faire du sport chez eux, le week-end. Une majorité des usagers associent, de ce fait, le sport à un espace clos et privé.

Pourtant, l’épidémie de COVID-19 fait bouger les lignes et alimente l’émergence d’une nouvelle génération de sportifs urbains, friands de plein air et de liberté. La population citadine (77 % des habitants) augmente de manière continue et le sport se pratique majoritairement en ville. Par conséquent, tout espace public gagne à encourager l’installation de dispositifs propices à la pratique sportive. Ce faisant, la ville afficherait un positionnement attirant, pertinent et égalitaire. Selon l’Institut Paris Région : « le nouvel enjeu pour l’aménagement de l’espace public favorable à la pratique sportive réside aujourd’hui dans l’intention qui le sous-tend.»

 Alors quels sont les freins qui découragent encore l’usager à chausser ses baskets en ville ? Comment favoriser la pratique sportive auto-organisée en ville ?

La démocratisation des pratiques urbaines

Parkour, skateboard, rollers, hip-hop, graffiti, street workout sont des disciplines qui ont fleuri sur le bitume. Les contraintes inhérentes à la ville et aux espaces existants ont façonné ces pratiques relativement nouvelles. En capitalisant sur l’existant, ces disciplines ont su se frayer une place, certaines étant même internationalement reconnues grâce à des compétitions se déroulant aux quatre coins du monde.

Benjamin BONNEAU, étudiant en Master City Design à l’École de design Nantes Atlantique, s’est inspiré de la flexibilité de ces pratiques pour décliner 3 typologies d’espaces en ville :

1- L’adaptation d’espaces existants

→ Ainsi, à Copenhague, une zone dénommée “Copenhill”, perchée sur un incinérateur de déchets, est entièrement dédiée aux sports de haute montagne… en pleine ville ! Trail, ski et escalade font prendre de la hauteur au citadin et au touriste de passage.

         

Copenhill, Danemark © Rasmus Hjortshoj

Copenhill, Danemark © Rasmus Hjortshoj

2- La transformation de lieux déjà identifiés

→ À Paris, la rue Duperré s’est parée de couleurs éclatantes pour proposer un terrain de basket flamboyant et ouvert à tous.

Terrain de basket de la rue Duperré, Paris © Alexandre Penfornis. Une création Stéphane Ashpool & Ill-Studio, avec le soutien de Nike

Terrain de basket de la rue Duperré, Paris © Alexandre Penfornis. Une création Stéphane Ashpool & Ill-Studio, avec le soutien de Nike

3- La création de nouveaux terrains sportifs

→ En Chine, l’espace public Pixeland inclut diverses fonctionnalités : attractions pour enfants, mini amphithéâtre, coin parasols, espace détente….

Pixeland, Chine © 100architects

Pixeland, Chine © 100architects

Le jeune designer a ensuite imaginé quelles pourraient être les zones ciblées, selon ces 3 catégories, dans la ville de Nantes.

Le sport, un accélérateur de motivation et d’insertion professionnelle

Linda MARQUES, étudiante en Master City Design à l’École de design Nantes Atlantique, nous rappelle les impacts positifs et durables de l’activité physique pratiquée régulièrement durant le temps de travail. En effet, une étude de l’Université de Stockholm réalisée en 2014 démontre que la pratique d’une activité physique durant une journée de travail permet à l’employé d’être plus en forme et plus concentré. De plus, cette pratique régulière entraîne une régression de 22 % d’absentéisme.

Cas d’étude : l’entreprise Björn Borg où une heure hebdomadaire de sport est offerte à tous les employés de l’entreprise.

Cas d’étude : l’entreprise Björn Borg où une heure hebdomadaire de sport est offerte à tous les employés de l’entreprise.

De même, l’étude d’impact du dispositif Job dans la ville a montré un taux de satisfaction de 95 % des bénéficiaires. Ce programme d’insertion par le sport en France permet à chaque jeune d’être accompagné gratuitement vers la formation et l’emploi.

Ainsi de nombreux leviers existent pour que la pratique sportive intègre le décor urbain et offre un cadre propice aux citadins en quête de santé, de grand air, d’autonomie et de plaisir. Le design en est un… Essentiel pour fabriquer des villes où l’on pratique le sport en bas de chez soi, afin qu’environnement urbain rime avec maintien en bonne santé.

L'École de design Nantes Atlantique
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Vos réactions

Max
30 novembre 2021

L’usine d’incinération de déchet à Copenhague a été conçue par BIG dans le but d’y faire du sport, ce n’est pas « l’adaptation d’espace existant »

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