Et si on réinventait l’ANRU ?

1 Déc 2023 | Lecture 3 min

Depuis sa création en 2004, la rénovation urbaine est sujette aux critiques. Machine à gentrifier les quartiers, incapable de voir les problèmes sociaux au-delà de la question du bâti, son heure est-elle venue ? Plusieurs chercheurs proposent de requalifier sa mission au prisme de la santé publique.

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Quartier santé

« Bon alors, tu t’es décidée ? » lance Jonah en servant le café. « J’ai déjà signé le bail, je pars la semaine prochaine » répond Léna, les yeux perdus dans le liquide noir. « Mais c’est génial ! Ça a été super vite ! » s’exclame Jonah en la prenant dans ses bras. « Allez fais pas cette tête, c’est une bonne nouvelle. Franchement c’est à 5 minutes, ça va rien changer on se verra tout le temps. » En parlant, il jette un coup d’œil par la fenêtre, les lettres en néon se détachent de l’horizon : Cité Hippocrate. Depuis la réforme de l’ANRU en 2031, le financement des projets de rénovation urbaine est ouvert aux porteurs de projets. Sous l’impulsion de l’APHP, le quartier voisin a été transformé en cité “à santé positive”, où tous les aménagements sont favorables au bien-être. « C’est bien que tu penses à toi. Ici ça pue, l’air te ruine les poumons. J’ai été lire un peu, c’est bien ce qu’ils ont fait ». Léna ne l’écoute plus, elle veut rester au quartier.

Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.

Unsplash

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ANRU à thème

Alain Damasio imaginait dans les Furtifs des villes entières privatisées par des grands groupes comme Orange ou LVMH. Et si des opérations de rénovations urbaines se faisaient avec l’aide de services publics ? Cité du travail, de la santé ou de l’environnement ? Personne ne l’envisage en ces termes, mais l’ANRU et différents chercheurs explorent la possibilité d’envisager la rénovation urbaine par le prisme de la santé. Voyant la surmortalité provoquée par le Covid dans les quartiers populaires, ils ont rappelé l’importance de lutter contre les inégalités spatiales de santé. Le prisme de la santé environnementale, en particulier, considère que 80% de l’état de santé d’une population ne relève pas de conditions médicales mais du cadre de vie. En désimperméabilisant, en mettant à disposition des aménagements pour de l’activité physique ou en recréant de la nature, on encourage la bonne santé.

Expérimentations

Projection de l'école du futur à Dunkerque - Agence Tank

Projection de l’école du futur à Dunkerque – Agence Tank

De telles expérimentations existent. On voit par exemple se déployer des équipements scolaires « zéro perturbateur endocrinien » dans une école du futur à Dunkerque, ou une « colline acoustique et cultivée » à Lille. Celle-ci protège le quartier Concorde des nuisances sonores tout en accueillant des activités d’agriculture urbaine et des unités de production d’énergies renouvelables. Avec l’appel à projet Quartiers Fertiles, l’ANRU s’était aussi emparé des outils de l’agriculture urbaine pour améliorer la qualité de vie. Pour Antoine Lagneau, chercheur auprès de l’agence sur les questions d’alimentation : « En terme de nouveau paradigme pour mobiliser les habitants, l’agriculture urbaine dans les quartiers populaires est un levier extrêmement intéressant. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga d’une politique urbaine et sociale. Mais elle permet d’avoir un autre regard et d’embrasser d’autres sujets. C’est au-delà de l’acte de planter. » 

Usbek & Rica
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