Drones in the city : des engins à tout faire

21 Oct 2013

Les drones ne servent pas seulement à faire la guerre à distance. Parce qu’ils sont rapides, mobiles et silencieux, ils ont également de multiples applications civiles dans la gestion des risques urbains. Présentation des grands usages urbains du drone et des polémiques provoquées par le recours de plus en plus fréquent à ces engins furtifs.

Le drone technicien

La société israélienne Urban Aeronautics est spécialisée dans la fabrication de drones à usage civil, comme cet engin utilisé pour relever les données des réservoirs d’eau dans la région de Tel Aviv.
© Urban Aeronautics

Ponts, viaducs, tunnels, barrages, écluses… La France abrite plus de 30 000 « ouvrages d’art ». Des infrastructures de grande ampleur, dont l’entretien coûte très cher. Pas simple, en effet, d’envoyer des techniciens en haute altitude pour repérer les failles et mesurer l’usure des matériaux. Capables de photographier et de filmer sous tous les angles, certains drones permettent de minimiser les risques d’accidents tout en assurant une veille optimale. Depuis 2010, la société israélienne Urban Aeronautics a mis au point plusieurs prototypes de drones à décollage et atterissage vertical permettant de s’approcher au plus près des façades, des lignes à haute tension ou des arbres. En France, la SNCF envisage de faire surveiller ses voies ferrées par des engins volants mobiles, tandis que la Nasa planche, de son côté, sur un prototype de drone stratosphérique capable de monter à plusieurs dizaines de kilomètres de hauteur… Les drones peuvent aussi servir à mesurer précisément et en temps réel la pollution atmosphérique, en particulier la teneur de l’air en particules fines ou en CO2. Fins observateurs, les drones civils joueront aussi bientôt le rôle de constructeurs. C’est en tout cas ce qu’assure le bureau d’études en ingénirie Arup, qui prévoit que les tours urbaines du futur seront assemblées et entretenues par des drones.

Le drone policier

Les drones Hermes, conçus par l’entreprise israélienne Elbit, ont être utilisés pour surveiller les foules lors de la Coupe du Monde 2014 au Brésil.
© Gerald L. Nino / Wikimedia

Surveiller les gens. Voilà l’utilisation la plus évidente – et la plus polémique – du drone dans l’espace urbain. Véritable caméra mobile, il se faufile partout, même dans les zones inaccessibles aux humains. Pratique pour surveiller une manifestation, pister des suspects ou traquer les fauteurs de trouble. D’ailleurs, pour surveiller les foules aux alentours des stades lors de la prochaine Coupe du Monde de football, le Brésil va adjoindre à ses forces de police plusieurs drones Hermes, équipés de lasers et de systèmes de balayage. En France, les CRS et le GIPN ont aussi recours à un drone de collecte d’informations, baptisé ELSA (engin léger pour la surveillance aérienne), qui renferme notamment un micro, une caméra infrarouge et un haut parleur. Mais cette usage sécuritaire du drone est souvent très mal perçu par les citadins, qui y voient une forme de violation de leur vie privée. Parce qu’ils sont équipés de toutes sortes de capteurs, ces engins peuvent « potentiellement porter atteinte à la vie privée, capter et diffuser des données personnelles », estime la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), qui a fait de l’usage civil du drone un de ses dossiers prioritaires. Ce débat rappelle celui sur le recours aux caméras de surveillance. Sauf qu’il faut ajouter cette fois la dimension furtive des drones, héritage de son usage militaire qui passe mal auprès des citoyens. Il faut dire que certains fabricants n’hésitent pas à mettre au point de véritables systèmes de camouflages pour habiller leurs espions volants. Le constructeur espagnol Expal propose ainsi des drones « déguisés » en rapace, tandis que le drone-oiseau mis au point par des chercheurs de l’Université du Maryland (RoboRaven) s’est lui carrément fait attaquer en plein vol par un vrai faucon…

Le drone livreur

Faire tomber du ciel des médicaments, de la nourriture ou des pièces détachées grâce à des drones-livreurs : c’est l’objectif du « projet Matternet » lancé en 2012.
© Matternet

En juin 2013, la nouvelle a fait le buzz sur les réseaux sociaux : la chaîne Domino’s Pizza décidait d’expérimenter la livraison de pizzas à domicile par un drone. Deux mois plus tard, la chaîne de restauration londonienne Yo ! annonce que ses plats sont désormais servis aux clients par des drones pilotés sur un iPad. Au même moment, les autorités chinoises interdisent aux pâtisseries InCake d’utiliser des drones pour livrer leurs gâteaux… Au-delà de leur caractère anecdotique, ces informations sont à consiédrer comme un signal faible du futur de la livraison dans l’espace urbain. Le recours aux drones apparaît en effet inéluctable, tant ces machines sont plus rapides, plus fiables et moins coûteuses que les serveurs et les livreurs traditionnels. Autre avantage du drone en milieu urbain : il n’entraîne pas ou peu de pollution sonore. À ce titre, il semble destiné à dépasser sa fonction première d’observateur pour s’imposer comme un moyen de transport à part entière. En Chine, la compagnie de livraison SF Express envoie déjà ses drones-facteurs livrer le courrier dans les contrées les plus reculées du pays.

La capacité du drone à se faufiler partout attire aussi l’attention du secteur humanitaire. En 2012, la société californienne Singularity University Labs a lancé le « projet Matternet » pour livrer des médicaments et de la nourriture aux populations isolées à cause d’une catastrophe naturelle. L’idée, à terme, est de tisser un réseau automatisé de véhicules volants motorisés capables de parcourir de longues distances grâce à des stations placées stratégiquement tous les 10 km pour leur permettre de changer de batterie. Pour le DaVinci Institute, un think tank prospectif, les mois à venir vont consacrer le recours aux drones-livreurs : « Les drones volants vont être exploités par des sociétés comme FedEx et UPS pour le transport de colis, par Pizza Hut pour la livraison de pizzas, par Kroger et Safeways pour les services de livraison de courses alimentaires à domicile. En outre, les drones permettront aux foyers de sortir complètement des réseaux d’infrastructures existants. Ils vont procéder aux livraisons d’eau et d’électricité (grâce aux batteries échangeables), servir à l’enlèvement des ordures ménagères et à l’évacuation des eaux usagées, et davantage encore. »

Découvrir le projet Matternet 

Le drone cameraman

Le drone Dji-Phantom, capable d’embarquer une caméra GoPro, peut réaliser des vidéos HD en volant à une distance pouvant atteindre 500 m.
© Birdrone Production

Longtemps, on a pris des photos depuis la terre ferme ou depuis un avion, à plus de 200 mètres d’altitude. Désormais, grâce aux drones, on peut également photographier et filmer à une altitude comprise entre 0 et 200 mètres. Le drone peut voler bas et le long des façades, ce qui offre des profondeurs de champ jusqu’alors inconnues. Ces images urbaines inédites ont un potentiel artistique et commercial évident. D’ailleurs, l’entreprise Fly over Green propose déjà de découvrir une centaine de circuits de golf en France grâce à des images filmées par des drones. Ces drones-caméras séduisent aussi les citoyens lambda, séduits par la possibilité de filmer des images inédites de leur quartier ou de leur ville. Des modèles de drones-cameramen comme le AR. Parrot 2, pilotable en Wi-Fi depuis son smartphone, ou le Dji-Phantom, qui permet d’embarquer une petite caméra Go Pro, rencontrent déjà un franc succès commercial. Créateur du blog Presse-Citron, Eric Dupin a d’ailleurs lancé Dronestagram, un site de partage d’images filmées par des drones fonctionnant sur le modèle du célèbre réseau social de photos Instagram.

Quels seront les usages futurs du drone en ville ?

Usbek & Rica
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