Demain la ville dans le rétro ! Quand l’urbanisme plonge sous terre…

©Circuit de karting souterrain à Helsinki - Alamy
29 Nov 2022 | Lecture 2 min

« La nouvelle frontière de la ville est sous nos pieds », c’est ce que nous déclarions sur ce site il y a une dizaine d’années en compilant ici quelques exemples de projets de villes souterraines. De Mexico à Moscou, où en sont les projets de gratte-terre et de galeries souterraines ?

Utopies casse-gueules

Force est de constater que notre sélection a mal vieilli. En 2013, nous vous présentions cinq projets urbains en sous-sol, parmi eux, trois sont au point mort. Niet pour EcoCity 2020, le projet de dôme dans une ancienne mine de diamant en Sibérie. Nada du côté de Earthscraper, le projet de pyramide inversée à Mexico City. Quant à Lowline, le projet de parc souterrain à New York, le chantier a été suspendu un mois avant la crise du Covid faute de financements suffisants. Ce dernier, le plus réaliste des trois, consistait à la réhabilitation d’une ancienne gare de tramway, désaffectée depuis 1948.

©Parmi les projets souterrains les plus fous, l'agence mexicaine BNKR Arquitectura a imaginé une pyramide de la profondeur de la tour Eiffel - BNKR Arquitectura

©Parmi les projets souterrains les plus fous, l’agence mexicaine BNKR Arquitectura a imaginé une pyramide de la profondeur de la tour Eiffel – BNKR Arquitectura

Mais nous en avions cité deux autres, plus intéressants et moins utopiques. Ils étaient déjà engagés il y a dix ans et se poursuivent encore aujourd’hui. Le premier est le réseau souterrain d’Helsinki, une quasi-copie de la ville en surface de plus de 400 kilomètres de tunnels entre 20 et 80 mètres de profondeur. On y trouve un centre commercial, une piscine, une cathédrale, des espaces logistiques mais aussi un parlement et les archives nationales. Comme pour Montréal, pionnière en la matière, un enjeu est de protéger la ville et les habitants des grands froids. Mais pas seulement.

Guerre froide et pénurie de foncier

Les souterrains d’Helsinki se sont nettement développés à partir des années 1960, pendant la guerre froide. La Finlande craignait une offensive russe, comme celle de 1939. Les installations souterraines sont donc conçues pour héberger la population en urgence et pour résister aux attaques nucléaires. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a remis à jour cette inquiétude qui en réalité n’a jamais vraiment quitté les finlandais. Les deux pays partagent 200 kilomètres de frontières. Un reportage de Newshub montre la qualité des installations, entretenues à grand frais, et permettant d’accueillir en urgence 900 000 personnes, alors que la capitale ne compte que 600 000 habitants. On comprend qu’une volonté politique forte a permis à cette ville souterraine de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Aujourd’hui, cette capitale-bis n’est pas une stratégie défensive, c’est un projet de développement majeur : en 2010, la capitale s’est dotée d’un schéma directeur souterrain et en 2016 d’un plan de vision à l’horizon 2050.

Même chose pour Singapour, qui mène une politique de développement souterrain en raison du manque de foncier. La cité-État a déjà augmenté sa superficie d’un quart en gagnant du terrain sur la mer, mais la tâche est plus coûteuse en eaux profondes. Elle lorgne donc sur les possibilités en sous-sol. Elle possède la plus longue autoroute souterraine d’Asie du Sud-Est. « Nous devons étudier les options pour mettre les infrastructures critiques en sous-sol », expliquait à l’AFP Abhineet Kaul, spécialiste de la société de conseil Frost & Sullivan. La stratégie y est segmentée entre la logistique en sous-sol et des quartiers agréables en surface, avec une taxation forte sur les véhicules. « Nous avons des besoins croissants pour des espaces industriels, commerciaux, résidentiels et des espaces verts en surface à Singapour ».

Optimiser la ville

L’approche de Singapour fait penser au projet Quayside, le quartier imaginé par Alphabet (Google) à Toronto. Celui-ci devait reléguer un ensemble de fonctions énergétiques et logistiques en sous-sol, pour libérer la surface. L’abandon du projet en 2020 a été un revers important pour l’urbanisme souterrain qui avait trouvé un acteur de poids pour porter le projet et le soutien des autorités locales. Car en vérité, ce type de projet n’est pas donné à tout le monde. Construire sous terre implique un portage politique fort comme on l’a vu, mais également un surcoût par rapport à la construction en surface, et un certain nombre de questions techniques.

 ©La Caverne est un projet d'agriculture urbaine dans un parking du 18ème arrondissement de Paris - La Caverne

©La Caverne est un projet d’agriculture urbaine dans un parking du 18ème arrondissement de Paris – La Caverne

Anciennes carrières de calcaire, le sous-sol parisien est connu pour être un gruyère. Y développer un projet souterrain d’envergure est impossible. La stratégie de la capitale s’est plutôt tournée vers un travail de dentelle avec la réhabilitation de lieux souterrains. C’est ce qu’on a vu avec la deuxième édition de Réinventer Paris qui mettait à l’honneur des projets en sous-sol comme la vinification sous-marine dans le 16ème arrondissement ou un bar à cocktails dans l’ancienne station de métro Croix-Rouge. Les parkings désaffectés peuvent ainsi trouver une deuxième vie en agriculture urbaine ou en salle de paintball…

 

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Usbek & Rica
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