Au Laos

16 Juin 2014

Le Laos brûle, lorsque nous arrivons à Luang Prabang après un trajet de deux jours en bateau sur le Mékong, nous découvrons une ville prise dans le corps étouffant d’une fumée et la couleur rouge orangée d’un soleil que nous devinons à peine. Souvent des cendres, celles des végétaux sont légères et volent avec le vent, tâchent nos carnets et tombent au coin des yeux. Le Laos est en pleine saison des brûlis, nous sommes entre la saison sèche et la saison des pluies, c’est donc dans cette atmosphère particulière que nous allons arpenter la ville et ses architectures.

Le Laos, entre la saison sèche et la saison des pluies. Crédits : Architecture by Road

Crédits : Architecture by Road

Une fois arrivés à Luang Prabang, ce sont des indices parfois très romancés qui guident notre parcours dans la ville. Chaque personne que nous voulons rencontrer se cache derrière une petite chasse au trésor qui nous fait visiter la ville et qui nous charme avec ses ambiances nonchalantes d’un autre temps. Classée à l’UNESCO en 1995, c’est la fusion exceptionnelle de l’architecture traditionnelle avec les structures urbaines conçues par les autorités coloniales européennes qui a été reconnue ici. Le mélange, bien que forcé, a donné à la ville un paysage urbain particulier où il fait bon vivre.

Le mélange, parlons-en. Ici les tribus du Laos, viennent originellement de Chine. Elles y ont apporté avec les siècles leurs savoir-faire et leurs cultures. Leurs maisons sont la plupart du temps en bois avec des assemblages savants, ou bien construites en bambous. Ces dernières, par exemples, ont des murs en lanières de bambous tressées. Sous le protectorat français certaines maisons ont été construites avec des murs enduits à la chaux pour rappeler des traditions européennes. Les murs sont en fait composites, les bambous tressés ici servent d’armatures à l’enduit. La ville abonde d’anecdotes de ce genre, les uns inspirent les autres et réciproquement.

La ville de Luang Prabang : un paysage urbain particulier où il fait bon vivre. Crédits : Architecture by Road

La ville de Luang Prabang : un paysage urbain particulier où il fait bon vivre. Crédits : Architecture by Road

C’est à Luang Prabang que nous appréhendons pour la première fois la séduisante architecture laotienne. Perchée sur des pilotis la maison se développe selon des traditions encore bien ancrées à sa culture et à son territoire. Le plan s’organise lui aussi avec : un espace extérieur, la terrasse ou la véranda ; et une opposition entre les pièces intimes et la pièce de réception: le haan. Il se construit dans le plan par une paroi en bois à l’intérieur, elle constitue une véritable frontière transversale au cœur de la maison. Depuis le haan une seule porte mène à la chambre, l’endroit où l’on dort est protégé du regard et de la présence des autres. La maison se développe parallèlement au cours de la rivière ou du fleuve, ici c’est le Mékong qui dirige et oriente les espaces. L’espace est structuré, les orientations sont précises, et les règles sont strictes, mais elles ne donnent pas naissance à une architecture froide et sans âme: la maison respire et dans la chaleur des teintes du bois, elle laisse entendre ses plus tendres poèmes.

A Luang Prabang, perchée sur des pilotis la maison se développe selon des traditions encore bien ancrées à sa culture et à son territoire. Crédits : Architecture by Road

A Luang Prabang, perchée sur des pilotis la maison se développe selon des traditions encore bien ancrées à sa culture et à son territoire. Crédits : Architecture by Road

Ces quelques jours passés dans la ville nous ont aussi permis de rencontrer un guide touristique, qui tous les soirs offre aux enfants de son quartier des cours d’anglais. Un soir, il nous invite dans son école pour pratiquer la langue avec les enfants, une grande pièce construite en bambou à coté de sa maison familiale. Architectes que nous sommes, nous essayons de donner un cours sur les différences entre la maison européenne et la maison laotienne. Surpris et heureux par cet échange, nous restons quelques heures avec les enfants.

Plus loin sur notre route nous rencontrons François Greck, un architecte français installé à Vientiane, la capitale du Laos. Lui pratique une architecture contemporaine, mais il reste toujours sensible aux orientations traditionnelles. Certains l’appellent la géomancie ou Feng Shui, pour lui c’est une des méthodes ou des clés pour s’inscrire au mieux au cœur des territoires en étant à l‘écoute de celui-ci. Il nous confie que parfois il a recourt à des sortes de maitres ou de sorciers. Il se sert ensuite de ces analyses et de ces prescriptions pour implanter son architecture. Elles correspondent souvent à des évidences liées au territoire, plus ou moins fines. Là aussi les traditions peuvent nous apprendre beaucoup, et peuvent encore inspirer une architecture contemporaine.

Suivre le voyage en vidéo Luang Prabang, au Laos

Architecture by Road
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