L’eau que nous buvons est-elle dangereuse pour la santé ? (2/2)

5 Août 2013

L’eau est certes l’aliment le plus surveillé sur le plan sanitaire. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’elle n’a pas d’impact à terme sur notre santé. Les normes EDCH (« Eaux Destinées à la Consommation Humaine ») concernent les eaux du réseau, les eaux embouteillées de source et aussi les eaux industrielles. Ces normes possèdent des limites de qualité à respecter pour que l’eau soit considérée comme « potable »… Le problème, c’est que ces normes, bien que nécessaires, sont inadéquates pour rendre compte de la qualité de l’eau. Pourquoi ? D’abord, parce que le nombre de polluants recherchés représente environ une quarantaine de substances alors qu’en réalité il en existe des milliers, des dizaines de milliers ? Bref, on se contente d’étudier le sommet de l’iceberg des pollutions… Par exemple, les limites de qualité ne prennent pas en compte les résidus médicamenteux et hormonaux présents dans l’eau. Ensuite, la synergie entre certains polluants, pourtant évidente, n’est pas pris en compte. Autre point important, l’action probante des faibles doses en biologie, notamment pour les perturbateurs endocriniens, est déniée. La dose ne fait pas forcément le poison comme c’est le cas pour un perturbateur endocrinien tel que le Bisphénol A. Enfin, la recherche des bactéries non pathogènes mais porteuses de gènes d’antibiorésistance n’est pas intégrée. Au final, il est en effet temps de changer de paradigme pour évaluer la qualité de l’eau de boisson, c’est-à-dire passer d’une approche analytique et physico-chimique à une approche globale recourant à l’emploi de tests biologiques. En clair, il n’est pas pertinent de quantifier tel ou tel pesticide, par exemple pour apprécier son impact sanitaire. En revanche, il est essentiel d’en évaluer son effet sur des cellules, autrement dit d’utiliser des modèles biologiques.

Mais comment évaluer l’impact sanitaire réel de l’eau que l’on consomme ?

L’évaluation de la qualité de l’eau sur la santé à long terme est un défi méthodologique car mettre en évidence des effets toxicologiques chroniques est très difficile. Idéalement, il faudrait faire une étude de longue durée sur un grand nombre de personnes. Certes, personne ne tombe malade en buvant de l’eau du robinet à court ou moyen terme. Par contre, tout un chacun peut aisément constater que dans les pays occidentaux, les courbes des maladies dites « de civilisation » (les cancers, les maladies neurodégénératives comme Alzheimer, le diabète, les allergies…) sont en hausse exponentielle depuis plusieurs dizaines d’années. Certaines de ces pathologies mettent des dizaines d’années avant d’apparaitre. Et l’eau doit bien avoir une part de responsabilité dans l’inquiétant accroissement de ces maladies. Il est généralement admis qu’environ 10% des polluants que l’on absorbe sont contenus dans l’eau, 20% dans l’air et 70% dans les aliments. Mais on oublie que les aliments sont essentiellement constitués d’eau (99% en nombre de molécules). L’eau potable est définie aujourd’hui comme une eau qui « ne nuit pas à la santé tout au long de la vie ». Or, qui a la charge d’assumer cette assertion sinon les producteurs d’eau potable (opérateurs publics et privés) ?

Quelles solutions permettront demain d’alimenter les villes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud en eau potable ?

L’approche « Re-use » est une solution intéressante. Pour couvrir ses gigantesques besoins en eau, la ville de Las Vegas a ainsi été contrainte de collecter ses eaux usées pour les transformer en eau potable. Le processus de transformation est concentré dans une seule usine, au lieu de « potabiliser » l’eau en amont et de l’assainir en aval. L’autre solution prometteuse, c’est évidemment la désalinisation de l’eau de mer. Un domaine dans lequel Israël est le pays le plus en pointe mais qui n’est pas réservé aux pays du Moyen Orient : Madrid a installé une énorme usine de désalinisation (60 millions de mètres cubes par an. Elle alimente près de 4,5 millions de personnes en eau potable) et Londres a failli faire de même. Il existe aussi des solutions pour collecter, filtrer et stériliser l’eau afin de la rendre potable soi-même. Le « water cone », conçu par l’allemand Stephan Augustin, permet par exemple de produire de l’eau potable soi-même grâce à un outil coûtant seulement 30 euros.

Faut-il installer dans les villes un réseau d’eau non potable pour certains usages domestiques (vaisselle, douche, toilettes…) ?

Lire la 1ère partie de l’article : Pourquoi l’eau des villes est-elle invisible ? (1/2)

Usbek & Rica
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Vos réactions

Eloise
20 mars 2019

Il est vraiment important de protéger notre eau potable et de l’économiser. On devrait tous faire un petit peu attention, a notre échelle…

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