Résilience des villes : la solution est-elle dans les égouts ?

2 Mai 2024 | Lecture 3 min

Résilience des villes : la solution est-elle dans les égouts ? Un investissement de 5 milliards à Londres pour refaire intégralement les égouts ; des réservoirs géants installés à Tokyo ou à Bordeaux : face aux risques climatiques, plusieurs métropoles transforment en profondeur leurs égouts afin de mieux gérer les eaux pluviales, réduire la pollution des cours d’eau et limiter les inondations.

Les inondations représentent l’un des plus grands risques climatiques auquel fait face la France. Chaque année, elles causent un coût annuel moyen considérable : près de 520 millions d’euros. Un chiffre qui est susceptible d’augmenter en raison des effets du changement climatique. Nous en avons encore eu l’illustration cet hiver, dans les Hauts-de-France, où les inondations liées à la tempête Ciaran ont été estimées à 550 millions d’euros.

Pour faire face à ces défis, les villes françaises adoptent des mesures de résilience face aux aléas climatiques. Une stratégie clé est la désimperméabilisation des territoires, qui comprend la végétalisation pour absorber les eaux pluviales, à travers la création de parcs et la plantation d’arbres, ainsi que l’utilisation de revêtements perméables. De plus, la réhabilitation des cours d’eau est également entreprise pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie.

Mais en parallèle de ces mesures, on voit apparaître une autre solution qui est cette fois souterraine. Ainsi de grandes métropoles comme Londres et Tokyo travaillent à moderniser leurs systèmes d’égouts en créant des réservoirs souterrains pour collecter et traiter les eaux pluviales. Ces mesures visent à atténuer les effets des inondations et à renforcer la capacité des villes à faire face aux défis climatiques croissants.

À Londres, une modernisation des égouts en cours

Depuis près de huit ans, la capitale anglaise s’emploie à la réalisation d’un ambitieux projet : la construction d’un tunnel gigantesque, destiné à moderniser son réseau d’égouts. S’étendant sur une longueur de 25 kilomètres avec un diamètre de 7 mètres, ce « super-égout » suit les sinuosités de la Tamise et est programmé pour entrer en service d’ici 2025.

À l’intérieur de ce tunnel colossal, des cavernes ont été méticuleusement excavées pour rediriger les eaux usées et les ruissellements des eaux de pluie vers les installations de traitement des eaux. Cette ingénieuse infrastructure vise non seulement à optimiser la gestion des eaux usées, mais également à réduire de manière significative le volume d’eau polluée déversée dans la Tamise. Les estimations indiquent en effet qu’aujourd’hui, environ 40 millions de tonnes d’eaux usées non traitées se déversent annuellement dans le fleuve.

L’initiative ne se limite pas à la préservation de la qualité des eaux, elle offre également des solutions face aux défis de la sécheresse. En redirigeant ces flux vers les usines de traitement, la ville de Londres ambitionne de favoriser la réutilisation de l’eau, contribuant ainsi à atténuer les risques liés à la pénurie d’eau. Un édifice qui n’est pas sans rappeler le “Parthénon” de Tokyo et, de manière globale, la tendance qu’ont certaines villes à créer des réservoirs pour récupérer les eaux pluviales.

Crédit : Aleksei Smyshliaev via Getty Images

Crédit : Aleksei Smyshliaev via Getty Images

À Tokyo, des réservoirs géants pour stocker les eaux pluviales

Au nord de Tokyo, le réservoir de Kasukabe se présente ainsi comme une vaste crypte souterraine, une structure imposante revêtue de béton qui s’étend sur la longueur de deux terrains de football et plonge à une profondeur de 70 mètres. Surnommé le « Parthénon de Tokyo », ce réservoir joue un rôle crucial dans la gestion des excès d’eau causés par les fortes pluies dans la métropole japonaise.

En cas d’intempéries, l’excédent d’eau qui submerge la ville de Tokyo est dirigé vers cette immense crypte souterraine. Un tunnel de 6 kilomètres assure le transfert de cette masse d’eau vers la rivière Edogawa, où le réservoir de Kasukabe peut libérer les eaux stockées, les renvoyant ainsi à la nature. Cette infrastructure permet de réduire de manière significative – jusqu’à 90% – le nombre d’habitations impactées par les inondations dans les zones avoisinantes.

Bien que le réservoir de Kasukabe se distingue comme le plus vaste de la ville, il n’est pas le seul rempart contre les inondations à Tokyo. La métropole dispose de 10 autres réservoirs souterrains similaires, tous interconnectés par trois tunnels de protection. Ces fosses de protection souterraines sont sollicitées de manière régulière, intervenant de 6 à 10 fois par an pour prévenir les conséquences néfastes des fortes précipitations. Cette infrastructure complexe, composée de réservoirs et de tunnels interconnectés, contribue de manière significative à la résilience de Tokyo face aux risques d’inondations.

Crédit : Hugh86 via Getty Images

Crédit : Hugh86 via Getty Images

En France aussi, ces exemples existent

Au cœur de la métropole bordelaise, une infrastructure de gestion des eaux similaire a été déployée sous la forme de bassins de rétention. Ces bassins ont pour mission de stocker et de dépolluer les eaux de pluie et les eaux usées, contribuant ainsi à la préservation de la qualité des ressources hydriques.

La métropole compte actuellement 28 bassins enterrés, présentant une capacité totale de stockage atteignant 351 181 m³ d’eau. Parmi ces installations, le bassin de la Grenouillère se distingue en représentant près d’un cinquième de cette capacité totale. Avec des dimensions impressionnantes (24 mètres de hauteur et un diamètre de 60 mètres), sa fonction principale est d’accueillir les eaux de ruissellement et les eaux usées, jouant un rôle crucial dans la préservation de l’environnement local.

Une fois collectées, ces eaux sont dirigées vers la station d’épuration pour subir des traitements adéquats. Ce réseau de bassins de rétention constitue un maillon essentiel dans la gestion durable des ressources en eau de la métropole bordelaise, assurant la protection de l’écosystème local tout en répondant aux impératifs de préservation de la qualité de l’eau.

Des exemples qui démontrent l’intérêt pour les territoires qui en ont les moyens de réfléchir à une autre manière de travailler la collecte, le stockage et le traitement des eaux usées et des eaux pluviales, dans l’objectif de renforcer la résilience des territoires et la lutte contre le gaspillage d’une ressource de plus en plus rare.

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