Le vélo municipal d’un nouveau genre
La France est le 3e pays le plus congestionné en Europe. Dans sa capitale, les déplacements journaliers génèrent à eux seuls l’effroyable volume de 8,8 Mt de CO2 dans l’atmosphère. Pourtant, 60% de ces arpenteurs urbains souhaitent réduire leurs déplacements quotidiens. Tandis que la vente de vélos augmente en France*, il semble que la mobilité douce émerge comme la seule alternative solide et durable à la voiture individuelle. En plus de désencombrer et de dépolluer les villes, la pratique du vélo rime avec santé publique et citoyenneté. Un étudiant de L’École de design Nantes Atlantique a donc imaginé un nouveau type de vélo municipal rapide, ludique et communautaire…
Le rythme comme GPS
Un faisceau de lasers pour guider le cycliste
Pourquoi choisir le rythme comme fil directeur de la conduite à vélo ? Parce que le rythme motive et fait irrésistiblement bouger. Le rythme accroît la vitesse et l’endurance. Le rythme, tel un énergisant, amène à se dépasser et à optimiser ses performances sportives.
❝ Le rythme favorise le développement cérébral dans les zones de représentation spatiale du cerveau et influence notre perception de l’effort physique et mental. ❞ – Hervé Platel, chercheur en neuropsychologie
Camille Dubreuil, étudiant au City Lab de L’École de design Nantes Atlantique a souhaité donner une cadence plus harmonieuse aux pistes cyclables. Il a réfléchi à la manière dont le rythme pouvait améliorer les performances et la rapidité des cyclistes. En effet, si la pratique du vélo doit être sécuritaire, qui a dit qu’elle ne devait pas être ludique ?
Il s’agit de cibler le type de rythme compatible avec la pratique du vélo en ville. Au quotidien, le rythme sonore peut être déjà perçu comme dangereux, source de stress et de distraction. La ville, bruyante, diffuse de nombreuses alertes sonores pour nous prévenir de dangers et nous renseigner sur notre géolocalisation. De même, l’usage du téléphone portable représente, selon l’article R412-6 du Code de la route, « un danger pour soi et les autres. » Au vu de ce constat, le designer a opté pour le rythme visuel : des signaux lumineux émis par une assistance de direction guident le cycliste. Il se laisse guider, au fil des couleurs du laser et s’amuse, tout en optimisant son temps de trajet.
Une réorganisation nécessaire des pistes cyclables
Afin de fluidifier et de sécuriser les parcours urbains, le designer a récolté de la data sur les dynamiques de déplacements des pistes cyclables (vitesses, trajets, récurrences). Ainsi, il peut mieux les comprendre et les réorganiser. Le but ? Accueillir la mobilité douce en réorganisant les parcours de déplacement. Accompagner le déplacement urbain en rythmant l’épopée, transformer l’expérience du vélo en une aventure communautaire et ludique.
Ainsi, le cycliste découvre une nouvelle façon de pédaler qui allie mobilité urbaine, sécurité, santé publique et préservation de l’environnement. Selon le slogan consacré, il suffit de :
❝ Choisir un trajet, suivre le tempo et lâcher son téléphone ! ❞
Laz-Hare : un jeu communautaire et citoyen
Un jeu lié au mouvement
La solution Laz-Hare (dont la traduction littérale signifie : « laser et lièvre ») est destinée aux municipalités. Ils peuvent équiper leurs vélos municipaux, de type bicloo ou vélib, de l’assistance de direction et ainsi révolutionner l’expérience du cycliste urbain. Qu’il soit un habitué du guidon ou un cycliste occasionnel, l’usager se familiarisera avec une pratique du vélo écoresponsable, mais aussi communautaire et ludique !
Grâce à une application dédiée, l’amateur de deux roues pourra indiquer :
- sa destination ;
- le temps de trajet souhaité ;
- s’il préfère un trajet simple ou optimisé.
Dans le futur, suite à la collecte de ses données (habitudes de déplacements, capacités physiques et performances), l’application pourra prédire sa cadence, comparer sa performance à celles des autres cyclistes et analyser les nouveaux modes de pratique du vélo urbain.
Des défis en réseau
Afin de définir une cadence idéale pour l’utilisateur, une vitesse sera proposée au cycliste. La “moyenne tour” sera calculée en mesurant les distances d’inertie sur un tour de pédale, et ce en fonction des différentes vitesses du pédalier. Après la collecte de données, le calcul se basera sur les capacités physiques de l’utilisateur ainsi que sur ses vitesses de prédilection.
En plus de pouvoir comparer ses statistiques physiques personnelles à celles de sa communauté, le cycliste peut bénéficier de 3 avantages :
- obtenir un compte-rendu personnalisé d’impact CO2 ;
- évaluer sa progression en matière de performances physiques ;
- collecter des “badges” répertoriés sur la carte virtuelle (monuments historiques, évènements, etc.).
❝ Grâce à l’émulation du groupe et à l’esprit de compétition, ce jeu incite le cycliste à se surpasser et redoubler d’efforts. ❞
La mobilité douce offre de multiples avantages : elle invite à repenser l’aménagement urbain sans l’abîmer, décongestionner les villes et limiter leur pollution, faire gagner 30 % de temps supplémentaire au travailleur pressé en plus de lui offrir sa dose de sport quotidien. Laz-Hare est un dispositif malin qui combine gain de temps et réjouissances, performance sportive et défis communautaires. Les trajets et la sécurité du cycliste sont optimales : il gagne du temps, se faufile partout, s’amuse à relever des défis et s’engage dans une expérience citoyenne et communautaire.