Fronde contre les logements vides

12 Mar 2024 | Lecture 3 min

Le dernier rapport de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (Apur) se penche sur les logements inoccupés à Paris, qui représentent près de 20% du parc. Un problème inquiétant, alors que la crise du logement s’installe. Quelles réponses la capitale peut-elle mettre en œuvre ?

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Le bail de Beyoncé

Encore une file d’attente, c’est la deuxième de la rue. Clémence descend sur la chaussée et contourne l’attroupement devant le numéro 46. Il faut se lever tôt en général pour les voir, c’est le cas aujourd’hui, Clémence doit prendre le train. La première personne de la file a installé une tente, carrément. D’autres ont des couvertures de survie et des thermos. On se croirait devant Bercy un jour de concert de Beyoncé. Mais rien à voir, ces gens font la queue pour une visite d’appartement. Le premier à voir le propriétaire a souvent de meilleures chances. Depuis 15 ans, les alertes se multiplient : le nombre de logements vacants explose, Airbnb fausse le jeu, mais rien n’a été fait. Les prix montent, la capitale se vide, et les parisiens qui restent se font une guerre acharnée pour trouver un logement.

Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.

Recensement du vide

matthieu-beaumont-unsplash

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C’est un rapport de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) de décembre 2023 qui met les pendules à l’heure. Il y a 262 000 logements inoccupés à Paris en 2020, soit près d’un
logement parisien sur cinq. C’est le chiffre le plus élevé depuis le recensement de 1954 et la tendance s’accélère. En effet, de 2011 à 2020, la ville a produit 37 000 logements mais a constaté l’apparition de 72 000 logements inoccupés supplémentaires. Pour la municipalité, il est donc aujourd’hui temps de « mettre sur la table la question de la soutenabilité des logements inoccupés » relate le Monde. Surtout qu’avec l’interdiction des locations dans les passoires énergétiques (prévue en 2025 pour les bâtiments classés G), la hausse semble partie pour durer.

Quels sont ces logements inoccupés ? Une moitié est vacante, c’est-à-dire qu’ils sont en attente d’être reloués ou en travaux, ou vides depuis plus de deux ans (1,3 % des logements parisiens, c’est une petite part). L’autre moitié concerne les résidences secondaires et occasionnelles. C’est « le principal stock sur lequel peut agir la puissance publique » d’après l’APUR. « Au sein de ces statistiques se dissimulent aussi les locations meublées touristiques, difficiles à identifier précisément, mais en très forte hausse depuis 2011. »

peter-heymans-unsplash

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La fin des vacances

Pas de secret, les leviers portent principalement sur une fiscalité dissuasive. Reprenant les suggestions de l’APUR, Jacques Baudrier, adjoint à la Maire en charge du logement, entend
taxer davantage les logements vacants et la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. De son côté, le premier adjoint en charge de l’urbanisme, Emmanuel Grégoire, réclame de faciliter la réquisition des logements vacants : « La priorité doit être de loger les gens, affirme-t-il, pas de protéger le droit individuel à posséder une deuxième ou une troisième résidence. »

Usbek & Rica
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