Dériver en toute sécurité à Nantes

Navigation en centre-ville avec le dériveur Liboat © Simon Janvier
12 Juil 2023 | Lecture 3 minutes

Alors que la ville de La Roche-sur-Yon se hisse à la 5e place des communes les plus sportives de France, la métropole nantaise, elle, se distingue surtout par la richesse de son patrimoine et de ses sites culturels. Son panel d’offre d’activités physiques et sportives de plein air, par exemple, reste limité. Pourtant, ses nombreux parcs, sentiers et cours d’eau sont propices à la pratique sportive sur les flots, dans les airs ou sur terre. Simon Janvier, jeune designer, a imaginé un bateau facile d’accès, robuste et léger, qui permet de mettre les voiles à tout moment de la journée  !

Le sport nature en ville : confisqué par les happy few ?

Les sports de pleine nature regroupent des activités sportives pratiquées en milieu naturel. Ils incluent  :

  1. les sports nautiques : nage en eau vive, surf, plongée, aviron, voile, kitesurf ;
  2. les sports terrestres : ski, équitation, alpinisme, randonnée, VTT  ;
  3. les sports aériens : parapente, base jump.

Ces sports investissent les contraintes météorologiques et géographiques de nos milieux naturels pour les transformer en véritables terrains de jeu. Le vent propulse et maintient la voile, la neige dirige la trace des skieurs et les chemins ouvrent la voie aux randonnées.

L’engouement croissant pour le sport de pleine nature en ville attire voire même, fascine les urbains. 77 % des sportifs ont pratiqué au moins un sport de nature cette année, soit 50 % de l’ensemble de la population. Les raisons de cet emballement sont multiples  :

  • ce sont des sports ludiques ;
  • connectés à la nature ;
  • ces lieux de pratique sont agréables, générateurs de mieux-être ;
  • ils sont plus “sains” que les sports en salle.

Qui sont les amateurs de sport nature ? Ce sont en majorité des jeunes de – de 40 ans (70 %) avec un pourcentage presque identique pour les hommes et les femmes (55% pour les hommes, 45% pour les femmes).

Néanmoins, que ce soit en matière d’horaires, de localisation ou de budget, ce  type d’activité reste, aujourd’hui, contraignant. Souvent, les lieux de pratiques sont éloignés, les sports de pleine nature sont soumis à une forte saisonnalité,  les conditions et la sécurité peuvent être aléatoires et enfin, les matériels techniques sont chers et parfois difficiles à entretenir.

Simon Janvier, designer du projet Liboat nous livre son expérience à ce sujet  : “ Je suis passionné de sports de nature. Mon ambition en tant que designer est de donner accès aux sports de nature à un maximum de personnes. Je veux aussi insuffler aux métropoles françaises une bouffée d’oxygène afin que ces grands espaces bétonnés respirent mieux. Si Nantes est une ville dynamique où de nombreux sports se pratiquent, les sports de nature restent très peu présents. J’ai à cœur d’y remédier !

La fraîcheur de Liboat : le dériveur accessible à tous !

La question récurrente qui a fait émerger Liboat est celle-ci : comment rendre les sports de natures plus accessibles et réguliers aux citadins ?

Le designer a réalisé une veille et remarqué qu’il existait une importante communauté d’amateurs de voile à Nantes. De nombreux pratiquants de tous les niveaux s’adonnent à ce sport dont les contraintes sont pourtant fortes : lieux de pratique distants, conditions météorologiques aléatoires et budget conséquent à mobiliser.

En élargissant sa cible, Simon a réalisé qu’une pratique liée à la voile, en collaboration avec les écoles de voiles nantaises, serait opportune. En effet, à l’heure actuelle, l’accès aux clubs de voile en ville signifie  :

  • un nombre limité de places ;
  • peu de créneaux horaires possibles ;
  • la pratique d’un sport qualifié de “dangereux”.

Le concept derrière Liboat ? Proposer au citadin de découvrir ou de pratiquer la voile en toute sécurité grâce à un dériveur en libre-service.

Ponton d’accès Liboat © Simon Janvier

Ponton d’accès Liboat © Simon Janvier

La co-navigation une pratique bénéfique pour tous

Afin que les débutants puissent s’initier aux joies de la voile, tout participant peut être accompagné par un moniteur expérimenté.

En effet, la Fédération Française de Voile a mis en place un certificat de niveau qui stipule que  :

  • les niveaux 1 et 2 concernent les “novices” ;
  • les niveaux 3 à 5 sont attribués aux personnes expérimentées.

Le principe ici ?  Faire naviguer des personnes novices avec des personnes expérimentées, permettant ainsi un co-apprentissage à l’instar de nombreux sports de nature (l’escalade par exemple). Au cas où un débutant serait effrayé par la perspective de naviguer avec un pratiquant expérimenté, il pourra faire appel à un moniteur, moyennant des frais plus élevés.

Tout le monde y est gagnant : le navigateur expérimenté bénéficiera de coûts de location moindres tandis que le débutant y gagnera avec un apprentissage simplifié, en “accéléré”.

Concernant les utilisateurs avec un niveau plus avancé de voile, ils peuvent naviguer en autonomie, tous les jours et quelles que soient les conditions météorologiques. Ils peuvent être seuls ou en groupe. Ce bateau, aussi solide que léger, est composé de pièces métalliques en inox.

Le tarif est pensé pour être accessible, soit deux fois moins onéreux que le coût d’une inscription à l’école de voile locale.

Enfin, trois lieux ont été identifiés comme de potentiels points de

libre-service à Nantes :

  1. le Port de la Jonelière avec son club de voile existant ;
  2. le Pont de la Motte Rouge dont la réhabilitation du ponton permettrait l’accueil de Liboat ;
  3. la Petite Hollande, zone où la mairie de Nantes a pour objectif de développer les loisirs nautiques à l’horizon 2025.

Autour de Liboat

Une application dédiée permet  à l’amateur de voile de créer son expérience sur-mesure : choix du lieu, de l’équipier, du créneau horaire et tutoriels de pratique du dériveur accessibles en un clic.

Application mobile Liboat © Simon Janvier

Application mobile Liboat © Simon Janvier

Pour simplifier la mise à l’eau et sécuriser les bateaux, un ponton sera construit et jouxtera les dériveurs. Ce ponton sécurisé sera accessible aux utilisateurs âgés de plus de 16 ans et placé à proximité d’un lieu de secours. La porte donnant accès aux bateaux s’ouvrira grâce à un code fourni lors de la réservation. Sur place, des gilets de sauvetage connectés seront disponibles pour 3 personnes maximum. L’utilisateur, pour sa part, s’engage à lire les conditions d’utilisation et à signer une décharge.

3 dériveurs Liboat accostés sur le ponton de mise hors eau © Simon Janvier

3 dériveurs Liboat accostés sur le ponton de mise hors eau © Simon Janvier

Le bateau à été réfléchi et développé afin qu’il soit le plus polyvalent et le plus intuitif possible : 

  • le cockpit a été conçu de manière minimaliste ;
  • l’accastillage permet la navigation d’une ou de trois personnes ; 
  • la coque de dériveur, large et peu longue, assure une bonne stabilité au bateau ;
  • le bouchain, positionné au milieu de la coque, démultiplie le potentiel sportif de Liboat ;
  • les deux voiles coulissent sur un enrouleur permettant de hisser les voiles à la hauteur voulue, en fonction du vent et du niveau de chacun. 
Systèmes techniques du Dériveurs Liboat © Simon Janvier

Systèmes techniques du Dériveurs Liboat © Simon Janvier

Ainsi le concept de Liboat simplifie la navigation et la mise à l’eau, optimise la sécurité à bord, minimise l’entretien et limite les risques de vandalisme. Liboat abolit également les contraintes horaires, garantit un prix raisonnable et permet une pratique libre de la voile en toute sécurité. Ce dispositif révolutionne l’idée même que la voile est un sport risqué, élitiste, contraint par des horaires et des effectifs réduits.

Avec ce projet, le sport de pleine nature réinvestit le coeur de ville et tend les bras aux amateurs de voile confirmés ou en devenir ! Les aménagements de berges de Loire relient les espaces naturels aux zones urbaines, permettant ainsi leur empiètement mutuel. Naturalisation de la ville, aménagement de zones naturelles en zone urbaine, meilleur équilibre entre espaces verts et densité urbaine, accessibilité des sports de pleine nature : aucun doute n’est possible, Liboat conjugué au futur aura le vent en poupe !

L'École de design Nantes Atlantique
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