Aérer et apaiser la ville

29 Sep 2025 | Lecture 3 Min

« En France, près de 40 % des habitants des agglomérations de plus de 250 000 habitants sont exposés à un niveau sonore de jour supérieur à 60 décibels (dB) en raison du trafic routier. » La pollution sonore et les sources de bruit multiples en ville agressent les citoyens, tout comme les îlots de chaleur ou la qualité de l’air environnante. Dans le cadre d’un atelier initié à l’occasion de Nantes Digital Week, des étudiants en architecture et en design ont fait germer des solutions sur-mesure dont les racines baignent dans la pratique du biomimétisme. Concevoir un parcours urbain qui oxygénerait la ville, la rendant plus douce, plus saine et plus habitable en s’inspirant de l’intelligence de la nature, telle était l’idée !

Grâce à l’exploration terrain et l’intelligence artificielle générative

Le workshop, initié par des partenaires aux équipes pluridisciplinaires (chercheurs, designers, urbanistes et architectes) visait à mobiliser les compétences des étudiants en design, en architecture et en intelligence artificielle (IA). Ceci afin qu’ils puissent penser et développer des solutions novatrices qui agiraient comme des boucliers face aux effets néfastes des îlots de chaleur urbains, de la pollution sonore et de la pollution de l’air. Avec l’appui de l’IA générative et à partir d’un terrain situé sur l’île de Nantes, les étudiants ont disposé de dix jours pour concevoir des propositions raisonnées, dans la droite lignée du biomimétisme. 

Un atelier pensé comme une bouffée d’air pur en ville

Les étudiants ont conçu leurs projets autour de 3 critères :

  • les îlots de chaleur ;
  • la qualité de l’air ;
  • le confort acoustique.

L’objectif : réduire les expositions des citoyens à ces nuisances et optimiser ainsi leur santé environnementale. Faire respirer la ville. Apaiser ses habitants. S’inspirer des processus de la nature pour que le vivant s’immisce au cœur du minéral et qu’il dessine une « trame verte », véritable corridor pour la biodiversité, dans la métropole.

Où se déroule la trame verte ?

Image produite via des outils d’intelligence artificielle générative @L’École de design Nantes Atlantique

Le projet de « trame verte », initié il y a plus de 20 ans par Nantes métropole, sinue notamment sur une partie de l’île de Nantes : dans la zone délimitée par le boulevard de l’Estuaire et le parking du magasin Lidl, jusqu’à la rue Paul Nizan. Cette zone où béton et asphalte se disputent la première place, génère des chaleurs suffocantes à la saison estivale. Passants, touristes et travailleurs évoluent dans un four urbain, caractéristique des « îlots de chaleur urbains » (ICU).

Le phénomène d’îlot de chaleur, exacerbé par le changement climatique, résulte de l’urbanisation et de l’augmentation des surfaces imperméabilisées. Il contribue à détériorer la qualité de vie en ville, tout comme la pollution de l’air, en particulier pendant les vagues de chaleur. Ci-dessous, une projection de Nantes Métropole de l’aménagement du quartier des Jardins de l’estuaire dans les années à venir.

Image produite via des outils d’intelligence artificielle générative @L’École de design Nantes Atlantique

Ce projet global de « trame verte » s’inscrit dans un processus de végétalisation de l’ouest de l’île de Nantes, avec notamment la création d’un parc de Loire : « Pièce maîtresse de cette végétalisation, le futur parc de Loire se déploiera sur 10 hectares en pleine terre et d’un seul tenant » précise Johanna Rolland, « ce qui représente l’équivalent de Jardin des plantes et du Jardin extraordinaire réunis ». C’est à partir de ce projet que les étudiants ont cherché et conçu des propositions.

Grâce à un corridor écologique

D’une génération frugale

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, L’ADEME, l’Agence de la transition écologique, a développé 4 scénarios de transition sociétale. Parmi eux, celui de la « génération frugale » dans laquelle les étudiants ont choisi de s’inscrire. Cette vision nous invite à transformer profondément nos façons de consommer, de nous déplacer et d’exploiter nos énergies/équipements au quotidien. Ce mode de vie, basé sur la sobriété et de nouvelles pratiques de consommation, dépasse le simple objectif de baisser les émissions de gaz à effet de serre. Il implique aussi de repenser nos villes, et notamment la gestion des îlots de chaleur.

Grâce à des matériaux durables et à la capacité de certaines plantes à réguler la température, le design devient alors un levier pour prendre soin de la ville et anticiper les futurs défis climatiques.

Image produite via des outils d’intelligence artificielle générative @L’École de design Nantes Atlantique

À la source : le biomimétisme

Les productions générées par le biais d’outils d’IA générative par les étudiants ont permis de projeter des travaux débutant avec la déconstruction sélective du parking situé près du magasin Lidl. Avec un objectif en ligne de mire : récupérer et valoriser les matériaux extraits, tels que le béton concassé ou les métaux.

En parallèle, la phytoremédiation permet de dépolluer les sols grâce à l’action des plantes. On utilise cette technique pour dépolluer les sols, assainir les eaux usées et purifier l’air. Moins coûteuse que les traitements chimiques et thermiques, la phytoremédiation respecte l’environnement et agit sur tout type de surface.

En utilisant des plantes spécifiques pour assainir le sol de façon naturelle, on limite ainsi l’empreinte écologique du chantier. À l’étape suivante, le corridor écologique de la trame verte commence à prendre forme, à s’étendre et à s’essaimer. Ce couloir qui permet à la faune sauvage de circuler dans Nantes le long de la trame verte, accueille de la biodiversité autant qu’il en génère. Des espèces végétales locales s’étendraient au-delà de la végétation, suivant le modèle de l’équilibre complexe et naturel d’une forêt. Jardins partagés, aires de jeux, chemins piétons et cyclables se dérouleraient, transformant cette trame verte en un lieu de vie multifonctionnel.

Le projet met également à l’honneur des exemples inspirants de biomimétisme : un mur végétalisé parcouru d’alvéoles semblables à celles des abeilles, un système de récupération d’eau en forme de feuilles de lotus ou encore un éclairage public nocturne imitant la bioluminescence des lucioles.

Image produite via des outils d’intelligence artificielle générative @L’École de design Nantes Atlantique

Le biomimétisme serait-il le modèle idéal pour repenser la ville de demain ? Une ville biomimétique qui accueillerait la nature, encouragerait sa biodiversité et limiterait les effets délétères de l’artificialisation des sols n’incarne-t-elle pas l’avenir ? Face aux défis actuels, nos métropoles et mégalopoles gagneraient à s’inspirer des secrets du vivant qui s’adapte depuis 3,8 milliards d’années. Alain Renaudin, pionnier et passionné du biomimétisme prédit que : « Les villes plus intelligentes et attractives seront celles qui seront plus résilientes et qui auront fait de la biodiversité leur alliée, parce que l’avenir des villes passe par la nature. Et ceci n’est pas théorique ou lointain (…) la ville bio-inspirée génère des bénéfices très concrets et rapides en termes d’économie d’énergie, mais aussi de gestion des infrastructures, de moindres coûts d’équipements ou encore de santé publique ! Une voie arborée par exemple coûtera moins cher, aidera au ruissellement, créera un îlot de fraîcheur, participera à la qualité de l’air, apportera du bien-être, et à grande échelle, comme le montrent certaines études américaines, pourra même apaiser les mœurs et réduire les incivilités ! »

 

 

L'École de design Nantes Atlantique
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