Transition écologique : l’institutionnalisation d’une prise de conscience

poubelle recyclage dechets
29 Juin 2017

Emballages plastiques, magazines en papiers glacés, liquide vaisselle éventré, poussières balayées, laitue flétrie et yaourts mis à mort par une DLC (date limite de consommation)… Nos décharges débordent d’objets en tout genre. Pour certains les déchets sont inutiles et doivent être repoussés le plus loin possible des centres urbains, tandis que pour d’autres, ils sont un remarquable gagne-pain.

En creux d’une prise de conscience des enjeux écologiques alors encore embryonnaire, un arsenal réglementaire et législatif s’est déployé à l’orée des années 1970, aussi bien à l’échelle internationale, européenne que nationale.

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Achèvement du marché de Burgos Street (Bacolod City, Philippines) – Crédits Brian Evans sur Flickr

De nos jours, la gestion mondiale des déchets constitue une problématique mondiale, gérée de façon très inégale d’une société à l’autre. Afin de mieux comprendre le processus historique et politique, qui a permis de construire le discours occidental dominant que l’on connaît actuellement sur les questions de transition énergétique, il nous semblait nécessaire de revenir, dans un premier temps, sur la chronologie, et dans un second temps, sur les acteurs essentiels de cette institutionnalisation relativement récente…

Premières réponses internationales face aux problématiques environnementales

A l’aube des années 1970, les enjeux environnementaux gagnent en visibilité suite à des actions militantes médiatisées. En réponses à ces préoccupations écologiques et sociales, une série de normes, de principes et de valeurs sont énoncés, conduisant à une institutionnalisation du développement durable.

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La collecte des ordures est parfois un métier manuel… – Crédits Ikhlasul Amal sur Flickr

La conférence de Stockholm en 1972 a, par exemple, permis l’élaboration d’un Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) pour lutter contre la pollution. La même année la Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion de déchets est adoptée afin de mettre fin au syndrome du « tout à la mer », ayant conduit à considérer dans le passé l’espace océanique comme un véritable dépotoir.

Les ordures en nomenclature : des mesures à l’échelle locale

En France, il faudra attendre la Loi du 15 juillet 1975 qui fait de la gestion contrôlée des déchets une politique publique à part entière en donnant une définition juridique des déchets, et en explicitant la responsabilité des producteurs de déchets dans la gestion de ces derniers…

Le Code de l’environnement opère ainsi une distinction entre le déchet et le déchet ultime[1]. Le premier est considéré comme « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement, tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon », alors que le second se conçoit lorsqu’il « n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux ».

Depuis les premiers efforts institutionnels initiés entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1970, il aura fallu attendre les années 2010 pour que s’incarne de façon plus manifeste la « prise de conscience collective » de l’impérieuse nécessité de réduire, recycler et réutiliser les produits jetés…

Une transition écologique multipartenariale

Une pléthore d’acteurs publics et privés s’est au fil des dernières années spécialisée dans la collecte, le traitement et la sensibilisation à ces enjeux environnementaux. Dans le cadre de délégations de services publics, des entreprises assurent ainsi la récupération et la transformation de matériaux issus du tri sélectif comme le verre, l’aluminium, ou le plastique. Des éco-organismes agréés par l’Etat ont également fait leur apparition afin d’assurer la collecte et le traitement des déchets produits par les fabricants, et ainsi faire appliquer la responsabilité élargie des producteurs. Par ailleurs, nombre de fédérations et associations se sont en parallèle emparées des enjeux liés au recyclage et à la revalorisation des déchets au cours des dernières années, menant diverses actions de sensibilisation pour promouvoir la transition écologique[2].

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A chaque déchet son habitacle ! – Crédits Mori Yama sur Flickr

Manifestement, la figure du citoyen semble manquer à l’appel dans le trombinoscope des acteurs reconnus compétents pour intervenir sur ces questions. A vouloir trop techniciser les moyens mis en œuvre pour lutter contre le gaspillage et réduire les déchets, les citoyens ont été éloignés de ces enjeux communs d’économie d’énergie et de réduction des gaz à effets de serre, trop abstraits et déconnectés de la réalité des gestes simples du quotidien.

Dès lors, les citoyens ne peuvent plus être cantonnés aux seconds rôles dans le jeu de la gouvernance urbaine qui se joue au cœur du processus de transition écologique… Vous souhaitez savoir comment accroître leur pouvoir d’agir ? Cela sera l’objet d’un second billet à venir !

Diane Devau

[1] Déchet ultime

[2] La gestion des déchets ménagers

{pop-up} urbain
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Vos réactions

Bernard
29 juin 2017

Sur les limites et les ambiguïtés de la politique des « petits gestes » par les citoyens, voir peut-être aussi « La « consommation durable » comme nouvelle phase d’une gouvernementalisation de la consommation », Revue française de science politique, 2009/5 (Vol. 59). URL : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2009-5-page-967.htm

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