Sous les pavés, la ville (2/2)

15 Nov 2013

La nouvelle frontière de la ville est sous nos pieds. De Helsinki à Singapour, présentation de cinq villes dont l’extension du territoire urbain en profondeur a déjà commencé.

La dome souterrain imaginé pour la ville de Mexico par l’agence BNKR.
© BNKR Arquitectura

Helsinki

Les premiers plans d’extension souterraine de la capitale finlandaise datent des années 1920. Mais il a fallu attendre le début du XXIe siècle pour qu’Helsinki passe la vitesse supérieure en devenant la première ville européenne à adopter un « shéma directeur du sous-sol ». Un document qui définit la vision stratégique de la ville sur la meilleure utilisation possible de son sous-sol. Grâce à une roche particulièrement résistante, la ville souterraine d’Helsinki abrite déjà une piscine, une patinoire, des saunas et une immense galerie marchande. Mais le sous-sol de la ville sert surtout à abriter des équipements encombrants, en particulier un data center original où les ordinateurs sont refroidis à l’eau de mer, sans consommer d’électricité, afin d’économiser de l’énergie. D’ici 2020, 400 locaux souterrains d’un volume de 9 millions de m3 devaient compléter le « Helsinki underground ».

New York

New yorkais pur jus, Dan Barasch et James Ramsey se sont lancés en 2012 dans un projet fou : l’aménagement d’un parc souterrain de la taille d’un terrain de football dans le quartier de Manhattan lower east side. Situé à la place d’un terminal de trolley-bus abandonné depuis 1948, ce parc serait éclairé grâce à une ingénieuse technologie solaire filtrant la lumière naturelle et permettant à la végétation de faire de la photosynthèse malgré la profondeur. Plus de 155 000 dollars ont déjà été levés sur la plate-forme de crowd-funding Kickstarter, mais les pères du projet reconnaissent qu’il en faudra beaucoup plus pour que le projet, baptisé « Low Line », puisse voir le jour.

Moscou

Pour que l’extrême densité ne soit plus un obstacle à son développement, la ville de Moscou a décidé en 2010 d’étendre son territoire en profondeur. Des centres commerciaux et des parkings souterrains sont déjà en cours de construction. Mais la municipalité voit plus loin et prévoit d’installer sous terre des lieux de vie et de rencontres du quotidien : bureaux, cinémas, restaurants, etc. Toujours en Russie, et dans un registre plus utopique, les architectes de l’agence Ab Elise ont imaginé une ville futuriste qui viendrait occuper l’emplacement d’une ancienne mine de diamants à ciel ouvert dans l’est de la Sibérie. Ce projet, baptisée Eco-city 2020, permettrait de loger 100 000 personnes jusqu’à 500 m de profondeur. Les habitants seraient protégés par un immense dôme de verre, couvert de cellules photovoltaïques, qui alimenterait le bâtiment en énergie solaire. Autosuffisante, la cité occuperait trois étages : un espace pour les logements, un autre pour les loisirs et un troisième abritant des fermes urbaines. Un projet qui rappelle celui de l’architecte américain Matthew Fromboluti qui, en 2010, avait proposé d’installer un « gratte-terre » (baptisé Above Below) à la place d’une carrière abandonnée.

Mexico

Avec 9 millions d’habitants intra muros, la capitale mexicaine est l’une des villes les plus peuplées au monde. Pour répondre à la croissance démographique, elle n’a cessé de s’étendre verticalement, érigeant des tours plus gigantesques les unes que les autres. Mais pour les architectes de l’agence BNKR, la solution passe plutôt par la conquête du sous-sol. Avec son projet Earthscraper, Esteban Suarez imagine ainsi bâtir une ville souterraine en forme de pyramide inversée, située sous la célèbre place Zocalo. Cet immense puits urbain de 40 étages abriterait notamment un musée, des commerces, des bureaux mais aussi des logements. Des jardins verticaux et des plantations aménagés stratégiquement tous les dix étages permettraient de filtrer l’air. Mais le projet Earthscraper risque de ne jamais voir le jour, la faute à un coût rédhibitoire (au moins 800 millions de dollars).

Singapour

La cité-État asiatique a fait appel à la société JTC Corporation pour bâtir dans les prochains mois une véritable « cité scientifique souterraine » sous le Kent Ridge Park, l’un des principaux espaces verts de la ville. Cet espace accueillera notamment des data centers et des laboratoires de recherche et développement, en particulier dans le domaine de la biomédecine. À terme, 4200 personnes viendront travailler dans les quelques 192 000 m2 de caves aménagées sous la ville. Une façon pratique et audacieuse de désengorger une ville où se massent déjà 5,4 millions d’individus, et qui devrait en accueillir au moins 1,5 million supplémentaire au cours de la prochaine décennie. « S’il s’avère, à l’avenir, que nous avons besoin de trouver plus d’espace, nous savons que se développer sous terre est une option crédible », a déclaré le docteur Zhao Zhiye, directeur du centre pour l’espace souterrain de l’université technologique de Nanyang.

Habiter en ville à 300 mètres de profondeur vous fait-il peur ?

Lire la 1ère partie de l’article : Sous les pavés, la ville (1/2)

Usbek & Rica
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