Quand la ville devient intelligente (2/2)

25 Sep 2013

Passage clouté ergonomique, trottoir producteur d’électricité, lampe torche avec GPS intégré… Tour du monde des innovations qui vont rendre la ville de demain plus agréable à vivre.

Le boulevard connecté

Le « boulevard connecté » est la réalisation emblématique du projet d’Open Innovation (« innovation ouverte ») dans lequel s’inscrit la ville de Nice.
© Patrice Semeria Agora 1950 / Wikimedia

C’est une première en France. Le 17 juin 2013, Nice a dévoilé le nouveau visage du boulevard Victor Hugo. Cette artère très fréquentée du centre-ville a été garnie de 200 capteurs, installés sur différents équipements urbains du boulevard (lampadaires, containers, etc.) afin de collecter en temps réel des informations sur la circulation, l’éclairage public ou la propreté grâce à une plate-forme informatique développée par la société Cisco. Objectif : mutualiser intelligemment les différents services de la ville en réduisant les coûts financiers et énergétiques. Les capteurs placés sur les réverbères doivent permettre, par exemple, de réduire d’environ 30% la consommation électrique en ajustant l’intensité lumineuse en fonction des besoins.

Le trottoir qui allume les lampadaires

Le passage d’un piéton sur un trottoir intelligent produit en moyenne 5 watts.
© Viha Concept

En 2008, les médias avaient beaucoup parlé du « sustainable dance floor », une boîte de nuit de Rotterdam où l’électricité était produite par les pas des danseurs. Sur le même principe, la ville de Toulouse a expérimenté en 2011 le « trottoir intelligent », qui utilise l’énergie cinétique produite par les piétons pour alimenter en électricité l’éclairage public. Une initiative qui n’a pas été prolongée au-delà de sa période d’essai mais qui a donné des idées à Laurent Villerouge. Cet autodidacte touche-à-tout a mis au point des dalles montées sur ressort et équipées d’un mini-générateur et d’une batterie reliée à des réverbères à LED. « Avec 10 000 passages dans la journée, on assure 3 heures d’éclairage urbain » d’après Villerouge, qui a vendu son brevet à la société californienne Harvest NRG et planche sur de nouvelles inventions permettant de recycler l’énergie.

Voir un reportage présentant le trottoir intelligent : http://www.technologie-innovation.fr/viha-concept-trottoirs-production-electricite-marche

Le passage piéton ergonomique

Ce passage clouté en forme de parabole est censé épouser les trajectoires préférentielles des piétons.
© Ergonomic Crosswalk / Jea Min Lim

Au lieu de traverser sur les passages cloutés, les piétons ont souvent tendance à prendre le chemin le plus court, quitte à s’engager sur la chaussée en dehors des bandes blanches. Fort de ce constat, le designer sud-coréen Jea Min Lim a conçu un passage clouté plus ergonomique, en forme de parabole, censé épouser les trajectoires préférentielles des piétons. Pour améliorer leur sécurité, son projet prévoit également que les bandes s’éclairent grâce à des cellules piézo-électriques : elles passent au vert pour lorsque la voie est libre et se colorent de rouge lorsque c’est au tour des voitures de passser. Une idée qui mériterait d’être testée « pour de vrai ».

L’éclairage contrôlable avec un iPad

Après les « poubelles intelligentes », Londres va expérimenter « l’éclairage intelligent » pouvant être contrôlé à distance avec un iPad.
© Mark-Spokes.com / Flickr

D’ici à 2017, 14 000 lampes du quartier londonien de Westminster vont être remplacées par des systèmes d’éclairage intelligents pouvant être commandés avec un iPad. Malgré son coût important (4 millions d’euros), cet aménagement urbain doit permettre, à terme, d’économiser 600 000 euros par an en réduisant la facture d’électricité et en limitant les frais de maintenance. En cas d’usure ou de panne, ces ampoules intelligentes enverront instantanément un signal aux employés municipaux. Cette solution de pilotage électronique et à distance de l’éclairage, si elle s’avère efficace, pourrait mettre un terme à l’éternel débat sur la nécessité d’éteindre les lumières de la ville à la nuit tombée.

La ville en réalité augmentée

La ville espagnole de Santander entend être un « laboratoire vivant » dans le domaine des applications numériques à usage urbain.
© Year of the dragon / Wikimedia

En 2011, la ville de Santander, en Espagne, s’est lancée dans un ambitieux programme visant à devenir la première ville totalement informatisée d’Europe. Deux ans plus tard, 12 000 capteurs fixes et mobiles ont été placés dans la ville et sa banlieue, permettant d’enregistrer et de centraliser l’ensemble des activités urbaines. Grâce à l’application « SmartSantanderRA », la ville est ainsi devenue un espace de réalité augmentée : quel que soit le mur ou le bâtiment de la ville sur lequel vous projetez votre smartphone, celui-ci vous fournit de précieuses informations pratiques ou historiques. Une autre application, baptisée « Pulsio de la ciudad », permet aux citoyens d’informer en temps réel la municipalité s’ils sont témoins d’un incident (accident automobile, signalisation en panne, etc.). D’après Luis Munoz, professeur à l’Université de Cantabrie, « La stratégie consiste à atteindre rapidement une masse critique suffisante en terme d’innovations sociales, en mettant l’infrastructure à disposition, non seulement de la communauté scientifique et des services de la ville, mais aussi des entreprises et de toutes les initiatives collectives ou individuelles innovantes. »

Découvrez la vidéo du projet Santander, smart city : http://www.youtube.com/watch?v=QAnQhfRTkcs

Le système qui prévient les inondations

La ville de Rio est souvent victime de crues soudaines, que la solution informatique d’IBM permettra de prévenir 48 heures à l’avance.
© Leonardo Fonseca / Wikimedia

Pour accueillir dans les meilleures conditions la coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016, Rio de Janeiro se modernise. La ville s’est notamment associée avec IBM pour mettre au point un dispositif de prévention et de gestion des risques naturels. Ce dispositif comprend un système de prévision météorologique à très haute résolution permettant à un satellite d’envoyer des informations en temps réel sur un rayon d’action de 250 km autour de la ville. En croisant ces données avec l’histoire géologique de la ville, il est alors possible de prédire des inondations 48 heures avant que celles-ci ne surviennent et d’éviter ainsi la panique liée aux évacuations d’urgence. En cas de simple panne ou de fuite d’eau, ce dispositif permet également de mobiliser en temps réel les différents acteurs de la ville (eau, électricité, santé, etc.). « Il s’agit de passer d’un mode préventif à un mode réactif de l’ensemble des acteurs locaux », explique Sylvie Spalmacin-Roma, vice-présidente des Smart Cities pour IBM.

Que vous inspire l’expression « ville intelligente » : une ville plus agréable à vivre ou plus angoissante ?

Lire la 1ère partie de l’article : Quand la ville devient intelligente (1/2)

Usbek & Rica
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