À Nantes, une île en devenir

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15 Fév 2017

Nantes, ville d’un fleuve et ville d’une île. L’histoire de l’île Beaulieu s’écrit depuis plus de 20 ans à plusieurs mains, avec la participation des élus, des citoyens et des urbanistes. La paysagiste Jacqueline Osty prend désormais le relais jusqu’en 2025. Cap sur une île qui fait la part belle à l’imaginaire.

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Longue de 4,9 kilomètres et d’une largeur maximale de 1 kilomètre, l’île de Nantes concentre un nombre d’activités culturelles conséquent, entre autres la Fabrique, les Machines de l’île, ou encore le hangar. © DR

Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de la Métropole, a dévoilé le 16 décembre dernier l’équipe retenue pour la 3ème phase de l’aménagement de l’île de Nantes. « Le projet de Jacqueline Osty et Claire Schorter nous a séduits avec une approche véritablement originale en proposant de déplacer le futur parc métropolitain en bordure de Loire » a-t-elle commenté. La proposition de l’équipe répondait au « désir de Loire exprimé par les Nantais et au besoin du retour de la nature en ville. » Outre la conception des espaces publics, Jacqueline Osty et Claire Schorter assureront l’accompagnement des opérations immobilières et des études paysagères et urbaines jusqu’en 2025.

L’opportunité de « fabriquer un quartier autrement »

Jacqueline Osty est une paysagiste renommée qui a fondé son agence en 1985. Elle a dessiné de nombreux jardins (la plaine africaine du parc de la Tête-d’Or à Lyon ou la promenade urbaine Richard-Lenoir au-dessus du canal Saint-Martin à Paris). Elle a également conçu l’aménagement paysager du nouveau « Zoo de Vincennes ». « Tout commence avec la fermeture des chantiers navals en 1987, vécue comme un traumatisme » rappelle Jean-Luc Charles, directeur de la Samoa, la société d’aménagement de la métropole ouest-atlantique qui pilote le projet de l’Île de Nantes. « La question qui se pose alors, c’est que faire des chantiers ? » L’île de 350 hectares présente alors deux facettes, d’un côté le symbole d’un déclin économique avec une immense friche industrielle, de l’autre une opportunité unique de fabriquer un quartier autrement. À partir de la fin des années 80, l’île de Nantes constitue un terrain d’expérimentation architecturale.

« Garder des traces du passé, c’est courageux »

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La structure du Grand Éléphant peut accueillir jusqu’à 50 personnes. Avec 12 mètres de haut, elle offre un point de vue spectaculaire sur le site des anciens chantiers navals. © Jean-Dominique Billaud

« Quand tout s’est arrêté, c’était une rupture énorme pour l’économie et dans la tête des Nantais. C’était une blessure » se remémore François Delarozière, scénographe et metteur en scène de la célèbre compagnie La Machine dont le siège se trouve sur l’île. S’offre pour le maire de l’époque Jean-Marc Ayrault la possibilité de concevoir une seconde vie pour l’île. L’architecte-urbaniste Dominique Perrault a cartographié l’île de Nantes entre 1992 et 1995, pour comprendre ce territoire alors fragmenté. « Il a fallu assumer une forme de repentance avec l’esclavage. La position de l’île apparaît comme un trou noir. Le fait de garder aujourd’hui des traces de ce passé, c’est beau, courageux et intelligent. »

Restaurer une relation de la ville avec l’eau

L’aménagement de l’île progresse d’année en année, en complémentarité avec celui du centre-ville historique. De 2000 à 2010, l’Atelier de l’île d’Alexandre Chemetoff se charge d’impulser la métamorphose grâce à son « plan-guide ». Il y développe son idée directrice : « Toute action entreprise devra satisfaire à l’idée qu’elle introduit, qu’elle développe, qu’elle restaure une relation de la ville avec l’eau. » La mémoire industrielle du site, la mixité sociale ou la vocation culturelle de l’île vont définir la nouvelle identité insulaire, avec l’apport multiple de différentes agences. L’équipe dirigée par les architectes-urbanistes Marcel Smets et Anne-Mie Depuydt prend le relais en juillet 2010. Ils s’attachent alors à développer les mobilités et à joindre les différents quartiers par une « trame paysagère » composée de pistes cyclables, d’espaces de jeux, de larges cheminements piétonniers.

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Le jardin des Fonderies met en valeur le patrimoine botanique et horticole nantais et révèle également les traces de l’ancienne activité industrielle du site (réhabilitation des fours, des fosses…). © AURAN

« La ville est un espace à partager, à vivre »

La compagnie La Machine de François Delarozière participe à la poésie des lieux, qui rayonne à l’échelle nationale et internationale, notamment grâce à son éléphant ou bien ses géants, des figures notoires du paysage nantais. « C’est ce que j’appelle les machines de ville. C’est un être géant, équipé d’un moteur et qui a la capacité d’accueillir du public. Il devient transport en commun, pour procurer du plaisir. La ville est un espace à partager, à vivre, où il peut se passer des choses étonnantes, attirantes. »  Cette philosophie rejoint celle de Jean Blaise, directeur du Voyage à Nantes. Cette structure est chargée de la promotion de la culture mise en place par la municipalité. Chaque été, elle invite chacun à découvrir un parcours enrichi de propositions d’œuvres d’art, temporaires ou définitives, dans l’espace urbain. « Mêler art et aménagement de la ville pour moi c’est fondamental. Dans ce dialogue entre les deux on voit respirer une ville, on voit vivre une ville, avec son humour, son intelligence. »

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Les grues Titan rappellent les anciennes activités portuaires et navales de l’île. Chaque grue pèse 400 tonnes, mesure 34 mètres de haut, et peut soulever des charges pesant jusqu’à 80 tonnes. Sa couleur jaune vif est emblématique du quartier de la Prairie-au-Duc. © AURAN

« Une terre d’accueil pour les nouveaux Nantais »

Bien que centrale géographiquement, l’île peut se prévaloir de ne pas voir la gentrification aller de pair avec les différents programmes immobiliers. La sociologie y est très particulière souligne Jean-Luc Charles. « Il y a une sous-représentation des cadres, une surreprésentation des salariés et des ouvriers. 20 % des ménages vivent en-deçà du seuil de pauvreté. C’est une terre d’accueil pour les nouveaux Nantais, pour les jeunes couples, les jeunes travailleurs, les étudiants. » La Samoa entend réserver une partie des programmes immobiliers aux logements sociaux. Offrir un cadre de vie de qualité et accessible est une gageure à laquelle tiennent les intervenants du projet. Pour l’architecte Sandra Planchez, qui a réalisé le projet #UNIK, l’île de Nantes « c’est le sentiment d’être en ville mais que cette ville n’est pas finie, pas figée. Il y a un imaginaire, une part de rêve avec cet éléphant qui se promène. » 

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Les Anneaux de Buren du quai des Antilles sont une œuvre de Daniel Buren et Patrick Bouchain, installée en 2007 lors du festival d’art contemporain Estuaire. 18 cercles de 4 mètres de diamètre encadrent le paysage. © Patrick Messina

 

  • En savoir plus sur le projet urbain :

http://www.iledenantes.com/fr/

  • Découvrir le Voyage à Nantes :

http://www.levoyageanantes.fr/

  • L’application Cityscape pour tout savoir de l’île de Nantes :

http://www.cityscape.fr/fr/ville/nantes

  • Revoir la conférence de l’Observatoire de la Ville à Nantes :

https://www.youtube.com/watch?v=vCljtWprASc&t=14s&list=PL3IzvTq2PxKrrUCrtPNBZUQD3Tgsfq77D&index=3

Usbek & Rica
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Vos réactions

Guillaume Lucas
20 août 2017

Bonjour c,est moi. J’aimerai savoir je que ce n’ai pas loin de la rue Arsène Leloup. Mais j’aimerai savoir dans quel endroit ou se trouve ? Là ou il y a le grand éléphant placé ? S’il vous plaît une réponses ? Merci beaucoup

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