Le résident face aux mutations urbaines

Espace public. Voilà une notion que l’on entend partout et qui reste cependant difficile à cerner. Quelles sont ses fonctions ? A qui appartient-il ? Quels sont nos droits sur l’espace public ? Quelle frontière entre espace public et espace privé ? Le flou règne en maître autour de ce terme. Et c’est ce flou qui contribue à faire de l’espace public un point majeur de tensions au cœur des mutations urbaines. Si bien que le résident (celui qui réside en ville et qui a une pratique de l’espace public), tiraillé entre la tendance individualiste actuelle et désir de pouvoir bien vivre en collectivité, peine parfois à y trouver sa place. Car ces mutations sont pour lui autant de pertes de repère qui concourent à le déstabiliser. Est-il alors possible d’investir et de transformer l’espace public tout en accompagnant les résidents pour faciliter leur adaptation au changement ?

Faire face à l’incompréhension du résident

Résident face aux mutations urbaines. Crédits : Elke Foltz

Le résident face aux mutations urbaines : une place difficile à trouver. Crédits : Elke Foltz

Au sein de la sphère complexe des acteurs des mutations urbaines, le résident est celui qui semble le plus tributaire du changement. Lors des prises de décisions, il peut parfois manquer d’expertise technique face au concepteur et paraître un obstacle pour les projections des pouvoirs politiques. COS, PAVE, PADD, PLU… bien souvent ces termes raisonnent comme du chinois. Difficile alors pour le résident de trouver sa place, la faute à un manque de communication. Et comme l’incompréhension mène généralement au rejet, le résident peut rapidement perdre confiance dans le projet et ses porteurs. L’enjeu majeur est donc de recréer du lien entre les différentes entités que sont les politiques, les concepteurs et les résidents pour qu’ils forment un véritable trio.

 

 

 

 

Accompagner par le design

Tensions autour du projet urbain. Crédits : Léa Pelotte

Le moment du chantier cristallise les tensions autour du projet urbain. Crédits : Léa Pelotte

La création d’un outil design dédié à l’accompagnement durant la mutation serait utile pour légitimer la place du résident dans ce trio d’acteurs. Il ne doit pas y avoir de méprise quant au rôle du design : il ne peut pas être à lui seul l’expression de la démocratie participative. Reste à définir à quel moment doit prendre forme l’intervention du design. Il semble aujourd’hui difficile d’envisager une intervention pendant les phases de décision et de conception. C’est sans doute l’étape qui suit qui pourrait s’avérer la plus fertile. En effet, après que le projet ait été décidé (avec ou sans les citoyens), le résident est brusquement laissé seul face à la réalisation du projet et des transformations que ce dernier induit. Une phase cristallise ce sentiment, c’est le chantier. Nuisances, pertes de repères, manques de lisibilité : autant d’obstacles qui nécessitent la création d’outils design pour accompagner les acteurs durant la transformation de l’espace public. Le designer devient un médiateur de la transformation. Au-delà du simple accompagnement, un intérêt se dessine : lutter contre la désertion du lieu. Car cette période de transformation provoque des contraintes physiques et psychologiques et, donc, des changements d’usages. Rien ne garantit, alors, l’intérêt et l’investissement par les usagers du projet livré. Présentant des intérêts directs et à court terme, le développement d’un outil design dédié à la phase de chantier prend donc toute son ampleur.

Le projet POC : Plateforme d’Observation du Chantier

POC ; Crédits : Léa Pelotte

Le projet POC de Léa Pelotte ; Crédits : Léa Pelotte

Léa Pelotte, étudiante en 5ème année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, s’est justement intéressée à cette phase de chantier : « J’ai choisi de proposer un service aux résidents : la POC ou Plateforme d’Observation du Chantier. Ce projet de micro architecture implantée près du site donne à voir le chantier de deux façons. Dans un premier temps elle modifie la porosité de la barrière de chantier en offrant un réel point de vue et permet dans un deuxième temps de prendre physiquement de la hauteur et se rendre compte de l’ampleur du projet. Enfin différents outils numériques à l’intérieur favorisent la compréhension de cet espace en transformation et le rendent accessible à tous ». Il s’agit donc de donner les moyens de pouvoir lire au-delà du chantier et des préoccupations individuelles du quotidien pour valoriser la promesse du lieu : celle d’un gain collectif. Cette Plateforme d’Observation du Chantier tente de rendre positive la transformation de l’espace public. En s’implantant au plus près des habitants, elle favorise la lutte contre les peurs du changement et de l’évolution.

Par Léa Pelotte, étudiante en cinquième année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique option Mutations du cadre bâti, et Zélia Darnault, enseignante

L'École de design Nantes Atlantique
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