Le bus qui a des jambes

23 Jan 2013

Des convois piétons, sécurisés, qui remplacent la voiture sur le chemin de la classe : voici une solution simple, mais d’avenir, à la pollution inutile et au manque d’exercice physique… Et l’exemple donné par les « petits » pourrait faire école.

Pedibus en Angleterre. DR

Pedibus en Angleterre. DR

Schulwegbegleitung. Dit ainsi, le concept fait futuriste. Presque martien. Mais il s’agit juste de la dénomination allemande de ce que les Québécois nomment officiellement le « pédibus scolaire », les Belges le « ramassage scolaire à pieds », les Anglais le « walking bus ». Un bus à pattes, une farandole qui, bien alignée sur le trottoir, relie, matin et soirs, les foyers des élèves à leur école. Marcher deux par deux : le concept semble éculé et rappelle l’appel dans la cours de récré… Mais, en terme de mobilité urbaine, il revêt pourtant un puissant potentiel innovant.

L’idée de ces « pédibus », du moins dans leur théorisation, est attribuée à l’Australien David Engwicht, et datée de 1992. Ce philosophe du « shared space » (une défense de la réappropriation des espaces publics par les citoyens) a vu son idée d’abord reprise au Royaume-Uni, puis dans les pays anglo-saxons et européens. Jusqu’au Schulwegbegleitung, donc, et plus loin encore. Le principe est généralement ainsi codifié : les enfants d’un même quartier, encadrés par des parents (munis de chasubles fluos), se retrouvent en groupes à des endroits précis, et sont « ramassés » par le convoi pédestres, le long d’un parcours menant à l’entrée de l’école locale.

CO2 et masse graisseuse

Les avantages du concept sont multiples. Et surpassent bien des tentatives high-tech. Il s’agit d’abord de limiter le recours à un véhicule motorisé. Les statistiques montrent en effet que la proportion de parents emmenant leurs enfants à l’école en voiture est passée de 10 % en 1983 à 40 % en 2003… Et la majorité de ces trajets font moins d’un kilomètre – soit 12 minutes de marche. Outre les économies en CO2 induites par le passage au pédibus, le concept s’attaque aussi aux kilogrammes. Les soixante minutes d’exercice quotidien recommandées pour les enfants sont en effet vite atteintes grâce à la marche en file indienne.

A Auckland, en Nouvelle-Zélande, plus de 200 « walking bus » sont en service, impliquant près de 5 000 enfants. En France, plusieurs dizaines de villes ont franchit le pas, sur des distances allant de 250 mètres à près de 2 kilomètres. Mais la mise en valeur de la marche à pied, a fortiori auprès des plus jeunes, va de pair avec une meilleure prise en compte des trottoirs et aménagements urbains. Selon la dernière étude mondiale pilotée par l’OCDE, 400 000 piétons sont tués chaque année dans le monde, soit un tiers des victimes de la route. Et 75 % des cas de blessures, selon le rapport, sont dues à « des défaillances dans l’entretien ou la conception des espaces publics ». Des autoroutes sécurisée pour les pédibus ? En attendant, la prise en compte de la sécurité des trottoirs, et l’agrément des espaces de marche, est d’un intérêt tout autant stratégique que la construction de vaisseaux spatiaux… Sûr que les générations futures y penseront, surtout s’ils sont passés par l’école du pédibus.

Si vous aviez le choix, préféreriez-vous amener vos enfants à l’école en voiture, ou les laisser rejoindre un « bus pédestre » ?

Liens :

environnement-annuaire.net/transports/pedibus
walkingschoolbus.org
plan-deplacements.fr

Usbek & Rica
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