La ville à parkourir, nouvel avatar de l’urbanité ludique (1/2)

18 Juil 2013

Les réflexions socio-anthropologiques sur les « glisses urbaines » (skate, roller, BMX et autres pratiques de mobilité dites « d’urbanité ludique », telles que les a baptisées le sociologue Florian LeBreton) ne datent pas d’hier, pas moins que leur application aux sciences de la ville.

Depuis plusieurs années en effet, nombre d’urbanistes et d’architectes s’intéressent à la manière dont leurs disciplines pourraient (devraient ?) intégrer ces nouveaux modes de déplacements. La question n’est d’ailleurs toujours pas résolue. D’autant que l’avènement du « parkour » lui offre une nouvelle occasion de perdurer : cette pratique entièrement corporelle, popularisée par le cinéma et le jeu vidéo, trouve en effet un écho croissant dans les métropoles contemporaines. Avec quelques limites, évidemment, mais aussi de nombreuses perspectives particulièrement stimulantes. Faire la ville comme terrain de jeu grandeur nature : horizon chimérique, ou vrai potentiel d’innovation pour les acteurs urbains ?

Le parkour, ou la chorégraphie du béton

Parkour Foundations by geishaboy500 on Flickr

Comme son nom ne l’indique qu’à moitié, le parkour (parfois intitulé freerun) est une discipline d’origine française. Imaginée dans les années 90 entre les tours franciliennes, cette discipline se définit comme « l’art du déplacement », sous-entendu urbain. Il s’agit plus précisément d’une série de mouvement principalement dédiés au franchissement fluide d’obstacles : murs, grillages, escaliers, pentes, etc., si possible à une vitesse étourdissante.

Ashleyspider.webs

Popularisé en France par les films Yamakasi ou Banlieue 13, puis à l’international grâce à Internet et des superproductions telles que Casino Royale, le parkour jouit depuis quelques années d’une enthousiasme grandissant, au point qu’on l’enseigne aujourd’hui dans certaines écoles du Danemark. Le jeu vidéo a rapidement pris le relai : le parkour s’applique en effet parfaitement dans les jeux mettant en scène une « ville-plateforme » que le héros doit traverser le plus rapidement possible : Assassin’s Creed, inFamous ou Mirror’s Edge s’inspirent tous, à leur façons, des mouvements canonisés par le parkour.

La publicité n’est pas en reste, en particulier chez les marques sportives, comme en témoigne cette vidéo pour Nike+…

…ou cette affiche pour Reebok. Le slogan fait ici directement référence à la sémantique du parkour, dont les pratiquants se définissent parfois comme « traceurs ».

Cette réappropriation du parkour par le marketing est finalement des plus logiques : il se fait ainsi l’héritier de la valeur de liberté urbaine qu’avait porté le skateboard dans les années 90, en élargissant le territoire d’appropriation à la ville dans sa quasi-intégralité (là où le skateboard était de facto plus limité : on ne peut pas grimper une tour en skate, mais on le peut avec ses mains !)
Faire le constat de ce succès à la fois populaire et communicationnel interpelle nécessairement les acteurs urbains que nous sommes : le parkour est-il « urbanisable » ? Autrement dit, les préceptes du parkour sont-ils solubles dans l’urbanisme contemporain, et si oui : comment ? avec quelles finalités ? et quelles limites ? Ce sera l’objet d’un second billet, qui se penchera sur la manière dont l’architecture et l’urbanisme pourraient s’inspirer de cette « chorégraphie du béton » aussi jouissive que vertigineuse, qui en dit long sur notre quête permanente de fluidité urbaine.

Lire la suite de l’article : La ville à parkourir : l’architecture au service des modes hyperactifs (2/2)

 

{pop-up} urbain
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