Kilomètres alimentaires

Un dessin d'un marché

Cette fois, c’est le lait. Et pas n’importe lequel : celui que nous donnons en toute confiance à nos enfants. Ce nouveau scandale alimentaire réveille la défiance des consommateurs vis-à-vis des géants du secteur et nous questionne sur nos modes de consommation.

Aujourd’hui, ces derniers sont marqués par la notion de kilomètres alimentaires. Le kilomètre alimentaire, c’est le nombre de kilomètres total que parcourt un aliment avant de finir dans l’assiette du consommateur. Un exemple bien connu : le petit pot de yaourt aux fruits avec lequel nous aimons finir nos repas. Si l’on tient compte de l’ensemble des matières premières destinées à fabriquer ce pot de yaourt (le lait, les fruits, l’emballage…), notre petit dessert parcourt pas moins de 9 115 km ! Alors comment réduire ces kilomètres alimentaires, et par la même occasion mettre en avant des modes de consommation plus durables ?

Un dessin d'un marché

Comment réduire les kilomètres alimentaires ? (c) Zhening Liang

Un approvisionnement alimentaire qui pose problème

Nous ne sommes pas à un paradoxe près. L’alimentation n’échappe pas à cette règle. En France, deux chiffres incarnent ce phénomène : 98%, c’est la part des produits alimentaires consommés localement qui sont importés ; 97%, c’est la part de la production agricole des villes qui finit dans des produits alimentaires consommés à l’extérieur du territoire. De plus, en moyenne, le degré d’autonomie alimentaire des cent premières aires urbaines françaises est de 2%. Au-delà de ces problématiques d’ordre éthique, la notion de kilomètres alimentaires touche aussi à des notions d’ordre écologique. Car 20% des flux en matière de transport sont destinés au transport des denrées alimentaires, donc au-delà du nombre de kilomètres parcourus notre alimentation s’entend aussi en terme de production de pollution. L’approvisionnement alimentaire actuel pose donc de nombreux problèmes que les scandales et crises sanitaires viennent régulièrement mettre sur le devant de la scène. Et pourtant, difficile de changer nos modes de consommation : face à la praticité du supermarché (plus facile, plus rapide, davantage adapté aux modes de vie urbains) le retour au local fait difficilement le poids.

Le degré d'autonomie alimentaire des cent premières aires urbaines françaises est de 2%

En moyenne, le degré d’autonomie alimentaire des cent premières aires urbaines françaises est de 2% (c) Zhening Liang

Retrouver la maîtrise de notre alimentation

Pourtant, ce retour au local est aussi l’occasion de retrouver la maîtrise de notre alimentation. Et les enjeux sont nombreux : réduire son empreinte écologique en diminuant les transports, soutenir l’économie locale, préserver la santé, augmenter l’autonomie alimentaire locale de la zone urbaine, renforcer le sentiment d’appartenance à une collectivité… C’est par exemple ce que proposent les supermarchés coopératifs qui commencent à fleurir aux quatre coins de l’Héxagone. Ici pas de patron, pas de salariés, pas non plus de clients. Contre quelques heures de travail par mois (en général trois), vous pouvez avoir accès à des produits de qualité, à des prix raisonnables, faisant la part belle à la consommation locale.

Des pommes à l'etallage

Réduire les kilomètres alimentaires pour retrouver la maîtrise de notre alimentation (c) Zhening Liang

Favoriser l’accessibilité du consommer local

Alors pourquoi ne nous convertissons-nous pas tous en locavores ? Pour Zhening Liang, étudiante en deuxième année de cycle master Ville Durable à L’École de design Nantes Atlantique, une des réponses réside dans l’accès parfois difficle au consommer local. Car si la majeure partie des personnes veulent effectivement consommer plus local, le rythme de vie urbain, le manque de visibilité ou d’informations, la méconnaissance des producteurs locaux sont autant de freins à sauter véritablement le pas. C’est pourquoi Zhening, pour son Projet de Fin d’Études, s’est demandée comment favoriser l’accès au consommer local tout en s’adaptant au rythme de la vie en ville. Sa proposition consiste en un dispositif de distribution différent avec une pluralité de moyens de communications qui favoriserait les liens entre le consommateur et le producteur, entre les consommateurs eux-mêmes et entre les différents dispositifs de distribution. Elle a alors proposé une micro-architecture intitulée « nuage » qui viendrait prendre place sur les lieux des marchés urbains. Divisée en deux parties, stockage et cuisine, nuage permettrait à la fois de rendre davantage visible les producteurs locaux, d’avoir un espace convivial de démonstration et dégustation et de continuer à stocker et vendre les produits locaux même après les heures d’ouverture du marché pour les citadins n’ayant pas l’occasion de se rendre sur place. Le design aussi peut donc nous aider dans cette difficile quête de la réduction de nos kilomètres alimentaires.

Un dessin pour favoriser l'accessibilité au consommer local

« Nuage » : une micro-architecture pour favoriser l’accessibilité au consommer local (c) Zhening Liang

Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique

L'École de design Nantes Atlantique
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