La fin de la métropolisation : l’exode urbain des néo-ruraux !

11 Oct 2013

Les uns fuient le stress. Les autres se plaignent du manque de confort. D’autres encore ne peuvent tout simplement plus supporter le coût de la vie citadine. Quels que soient leurs motifs, les urbains sont de plus en plus nombreux à quitter la ville pour s’installer à la campagne. Et demain, grâce à la révolution numérique, la grande famille des néo-ruraux va encore s’ouvrir à de nouvelles populations, nous dit Jean-Yves Pineau, directeur du collectif Ville Campagne.

Route départementale D7, dans le Bas-Rhin (67). Les longues distances à couvrir en voiture font souvent partie des inconvénients de la vie à la campagne.
© Flickr / Cha già José

Qui seront les néo-ruraux ou les extra-urbains de demain ?

Sans vouloir jouer les Madame Soleil, il faut regarder de près certaines tendances émergentes, certains signaux faibles qui nous donnent des indices sur l’avenir. On observe, par exemple, un rajeunissement de ces migrants et l’apparition de nouvelles catégories professionnelles. Ces populations arrivent avec de nouvelles façons d’entreprendre, elles accordent plus d’importance au facteur humain. La révolution numérique commence à peine, mais elle a déjà redonné des couleurs et de la viabilité à des activités obsolètes, notamment dans les métiers du commerce, de l’artisanat ou de l’agriculture. Le télétravail et les espaces de coworking contribuent fortement à l’attractivité nouvelle de certains territoires. Et ça ne fait que commencer. La Drôme a, par exemple, lancé « Agrilocal », une plate-forme qui permet de répondre à des appels d’offres groupés, alors que beaucoup de marchés étaient encore inaccessibles aux petits producteurs à cause de l’isolement de certains territoires.

La géographie des migrations ville-campagne peut-elle évoluer ?

Oui, bien sûr. Aujourd’hui, il y a toujours une prime au soleil et aux littoraux, mais il est évident qu’aucune région n’est condamnée. En travaillant avec soin leurs offres d’accueil, des régions comme le Limousin, l’Auvergne ou la Basse-Normandie ont réussi leur mutation. Certaines régions qui se dépeuplaient tendent à devenir attractives. Et inversement, des régions qui étaient attractives le sont moins. En région PACA, par exemple, le pilotage a un peu dérapé et on observe d’importants mouvements de population du sud vers le massif central. Il s’agit de personnes qui ne trouvent plus d’emplois, qui voient leur cadre de vie s’urbaniser ou qui veulent entreprendre mais font face à des prix du foncier qui explosent… Même si c’est difficile, il faut vraiment s’attacher à préserver la mixité fonctionnelle des territoires. L’ultraspécialisation et le zonage peuvent fonctionner d’un point de vue théorique, mais dans la pratique et sur le long terme, ça crée d’importants déséquilibres et la qualité de vie en pâtit souvent.

Les néo-ruraux seront-ils toujours aussi nombreux à l’avenir ?

Si l’on s’en tient simplement au désir des Français, alors oui la tendance va se poursuivre et le nombre de citadins qui quittent la ville pourrait encore grossir dans les prochaines années. Mais il faut aussi prendre en compte certains paramètres importants, notamment ce que j’appelle « la politique de la place » : l’accès au foncier, la construction de nouveaux logements, etc. Tout ça a des répercussions importantes sur l’installation dans les territoires ruraux. La politique nationale de cohésion sociale et territoriale est une donnée essentielle. Nous avons vraiment besoin d’un dialogue fort entre ville et campagne, pour passer de la compétition à l’harmonie.

Des villes comme Paris, Lille ou Strasbourg ont un solde migratoire assez nettement négatif. Peut-on dire que certaines villes sont en danger ? Risquent-elles de se dépeupler ?

Certaines villes se cassent déjà un peu la figure. Ce danger existe donc vraiment, notamment pour les villes moyennes et petites, qui sont entourées de territoires qui, eux, gagnent des habitants. Les villes, comme les territoires ruraux d’ailleurs, doivent cesser de se penser comme des « territoires complets ». Il faut raccorder les tuyaux entre les deux entités. Il faut défendre l’idée qu’une ville n’est attractive que si la campagne alentour l’est aussi et inversement. Pour l’instant, on reste encore ancré dans l’idée de territoires administratifs et juridiques en concurrence les uns avec les autres. Villes et campagnes travaillent trop rarement ensemble. C’est d’autant plus regrettable que les Français n’ont que faire de cette « guéguerre ». Il est grand temps de passer de la gestion localo-locale à un véritable développement régional ouvert et créateur de liens.

Lire la 1ère partie de l’article : Exode urbain : qui sont les néo-ruraux ? (1/2)

 

Usbek & Rica
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