30 architectes à l’honneur au Pavillon de l’Arsenal

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25 Jan 2017
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30 architectes est un projet itinérant conçu par les architectes Manon Gaillet et Sylvain Bérard. © Antoine Espinasseau

L’agence d’architecture Marion Bernard met en lumière les travaux respectifs de 30 architectes internationaux, reconnus ou émergents. De quoi offrir jusqu’au 27 février un panorama exigeant en matière de conception et de recherche théorique. Focus sur quatre agences dont les démarches interrogent l’architecture et ses usages.

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L’exposition rassemble des vidéos, des maquettes, des installations, des dessins originaux, des livres et des prototypes. © Antoine Espinasseau

Bruther : MRI, mock-up aluminium et béton – 2015

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Bruther expose une maquette de détail constructif du projet de la Maison de la Recherche et de l’Imagination à Caen. Il s’agit d’un objet crucial, qui constitue le passage entre la phase de conception et celle de construction. © Bruther

« Le seul programme qui vaille aujourd’hui, c’est celui du devoir d’adaptabilité. » L’agence parisienne Bruther, fondée en 2007 par Stéphanie Bru et Alexandre Theriot, défend dans ses projets la malléabilité des usages. Cette idée se retrouve ainsi au Dôme (anciennement Maison de la Recherche et de l’Imagination – MRI), inauguré à Caen le 25 avril dernier.

Le Dôme est un centre dédié à la culture scientifique, technique et industrielle situé sur la presqu’île de Caen, un quartier aujourd’hui en pleine rénovation urbaine. Ce lieu polyvalent héberge, entre autres, un fab lab et un living lab (laboratoire d’innovation ouverte), qui viennent affirmer sa dimension participative.

« Il fallait imaginer un environnement bâti actif, avec peu d’expositions et des ateliers mis à la disposition des usagers. » Les deux architectes ont voulu proposer des volumes capables d’évoluer au gré des besoins de leurs occupants. Une manière d’offrir au bâtiment plusieurs vies.

junya.ishigami + associates : How Small ? How Vast ? How Architecture Grows ? – 2013

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Le manifeste How Small ? How Vast ? How Architecture Grows ? de Jun’ya Ishigami présente une conception soucieuse de fonder la vie sociale au plus proche de la nature. © junya.ishigami+associates

La pratique de Jun’ya Ishigami se distingue à l’international par son approche singulière et organique de l’architecture. Après quatre années passées au sein de la prestigieuse agence SANAA, Jun’ya Ishigami fonde sa propre agence à Tokyo en 2004.  Depuis, le Japonais s’est vu remettre l’Architectural Institute of Japan Prize en 2009 pour la réalisation du Kanagawa Institute of Technology KAIT Workshop. Le Lion d’or de la Biennale d’architecture de Venise lui a également été décerné en 2010 pour son projet « L’architecture comme air : étude pour le Château La Coste. »

Pour Jun’ya Ishigami, l’architecture exige que l’on observe le monde d’un point de vue scientifique et artistique. Il s’inspire de la nature et des rêves d’enfance pour développer ses projets. Il assume une puissante imagination qui floute les frontières entre architecture, design et géographie.

Beals & Lyon Architects : The Garden of Forking Paths – 2013

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Le plan géométrique du labyrinthe entend reprendre celui qui existait jadis à Versailles. Les architectes l’ont adapté en vue d’ouvrir des espaces en forme de salles. © Beals & Lyon Architects

Se perdre, s’éloigner de l’agitation urbaine et vivre « une expérience sensuelle de l’espace. » C’est ce que proposaient les architectes Loreto Lyon et Alejandro Beals avec The Garden of Forking Paths, un labyrinthe végétal installé dans le Parque Araucano à Santiago du Chili en 2013. Le Studio Beals Lyon Arquitectos, fondé en 2012 dans la capitale chilienne, se démarque également en raison de ses sensibilités artistiques.

La même année, bien qu’encore au stade de projet, The Garden of Forking Paths avait conquis le jury du concours MoMA-PS1 Young Architect’s Program. Cette compétition internationale récompense depuis 1999 les talents émergents de l’architecture mondiale. Toute la structure du labyrinthe est modulaire et peut donc être démantelée et reconstruite ailleurs. Les deux architectes avaient eu notamment comme ambition de « favoriser une perception multi-sensorielle du paysage environnant. »

Assemble : 10 houses on Cairns Street -2015

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Les maisons qui ont été rénovées sont simples et leurs matériaux bon marché. Des détails ludiques qui redonnent du caractère à ces maisons trop longtemps laissées à l’abandon. © Assemble

Le collectif Assemble, basé à Londres et fondé en 2010, réunit 18 membres. Assemble questionne « l’absence de communication entre les habitants et les autorités qui caractérise les processus de création des espaces publics. » et défend une pratique sociale, locale et artisanale de l’architecture.

La maquette présentée au Pavillon de l’Arsenal est celle d’une des 10 maisons rénovées par le collectif dans le quartier défavorisé de Toxteth, à Liverpool. Dans le cadre de ce projet, Assemble a collaboré avec le CLT (Community Land Trust) local Granby Four Streets. Au Royaume-Uni, les CLT sont des organisations privées sans but lucratif dont le but est d’acquérir du foncier afin de le gérer collectivement au bénéfice de toute la communauté.

Assemble a ainsi aidé à la rénovation de Toxteth en associant l’esprit DIY et punk. Les résidents du quartier ont pu « transposer leur volontarisme ingénieux et leur aptitude au Do It Yourself dans la réalisation des travaux de rénovation des habitations. » Cette démarche participative a valu au collectif de remporter le prestigieux Turner Prize, équivalent britannique du Prix Duchamp ou du Prix Ricard, en 2015. Assemble avait alors fait figure d’exception, ce prix d’art contemporain (organisé par la Tate Gallery) récompensant généralement un artiste ou un collectif d’artistes.

Le collectif d’architectes avait alors déclaré vouloir utiliser la dotation de 25 000 livres (environ 35 000 euros) pour mettre sur pied un nouveau projet social, à Liverpool toujours, en employant les jeunes du quartier.

Point Supreme : Totems – 2016

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Les 3 totems exposés au Pavillon résument une philosophie de la récupération qui vise à inventer un nouveau design. Ils correspondent à 3 zones de la Petralona House : l’extérieur, le sol, le sommet. © Point Supreme

Les travaux de Konstantinos Pantazis et Marianna Rentzou ont été exposés lors la Biennale d’architecture de Venise en 2012. Le couple a fondé Point Supreme en 2008 à Athènes après avoir travaillé entre autres à Rotterdam et Londres.

L’œuvre Totems réunit 3 assemblages verticaux d’objets ; il s’agit d’échantillons de matériaux utilisés pour la rénovation de la Petralona House, livrée en septembre 2016.  La maison, dont la construction originale remonte à 1955, avait retenu l’attention du couple d’architectes à leur retour en Grèce.

De l’aveu même de Konstantinos Pantazis, « la maison Petralona est en fait composée de nombreuses maisons réunies. Le rez-de-chaussée est intrinsèquement lié à la nature. Le premier étage, avec son auvent, la fenêtre et le balcon, est fortement influencé par l’architecture grecque traditionnelle. Le dernier étage rappelle une villa blanche style Le Corbusier. » 

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Pour Marianna Rentzou, le rez-de-chaussée de la Petralona House est riche et « plus on monte plus on arrive à quelque chose de beaucoup plus minimaliste. »

Pour Marianna Rentzou,  le rez-de-chaussée de la Petralona House est riche et « plus on monte plus on arrive à quelque chose de beaucoup plus minimaliste. »

Pour autant, Pantazis se défend d’avoir voulu faire du « collage » architectural. Considéré comme peu sérieux, le genre a en effet mauvaise presse au sein de la profession. Point Supreme revendique au contraire une démarche très aboutie, qui « fait passer le sensoriel avant tout, et au sein de laquelle le collage n’est utilisé que comme un moyen de créer différentes expériences. »

Les différents éléments des totems ont été « trouvés, donnés, offerts par des entreprises ou des magasins. » Les échantillons, qu’ils soient décoratifs ou structurels, destinés à l’extérieur ou à l’intérieur de la maison, sont traités à égalité « sans tenir compte de leur valeur, de leur signification. » Pour Point Supreme, cette méthode d’approvisionnement permet « de contourner les contraintes nées de la crise financière mais aussi aussi d’influencer le design des projets. »

Usbek & Rica
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